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Citation de bacoltrane


J’avais tant aimé son odeur, jadis. Une odeur toujours fraîche : de linge frais ou de sueur fraîche, une odeur de femme fraîchement lavée ou fraîchement aimée. Elle mettait parfois un parfum, je ne sais pas lequel, et il sentait aussi plus frais que tout. Sous toutes ces odeurs fraîches, il y en avait encore une autre, lourde, sombre, entêtante. Souvent j’ai flairé sa peau comme un animal curieux, je commençais par le cou et les épaules qui sentaient la toilette toute fraîche, j’aspirais entre les seins un effluve de sueur fraîche, qui se mêlait aux aisselles avec l’autre odeur, je retrouvais presque pure cette odeur lourde et sombre à la taille et au ventre, et entre les jambes avec une coloration fruitée qui m’excitait, je reniflais aussi ses jambes et ses pieds, les cuisses où l’odeur lourde se perdait, le creux derrière les genoux où je retrouvais le léger effluve de sueur fraîche, et les pieds avec leur odeur de savon ou de cuir ou de fatigue. Le dos et les bras ne sentaient rien de particulier, ne sentaient rien mais sentaient elle tout de même, et dans le creux des mains était l’odeur de la journée et du travail : encre des tickets, métal de la poinçonneuse, oignon, poisson ou friture, eau de lessive ou vapeur du repassage. Quand on les lave, les mains ne trahissent d’abord rien de tout cela. Mais le savon n’a fait que recouvrir les odeurs et, au bout d’un moment, elles sont de nouveau là, atténuées et fondues en un unique parfum du jour et du travail, le parfum du terme du jour et du travail, le parfum du soir, du retour à la maison, du chez-soi. (p 183)

P 125 : Hanna ne savait pas lire.
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