Le fait est que, pour déconstruire un mensonge grossier énoncé en quelques secondes, il faut mobiliser beaucoup de temps, de pédagogie et de ressources intellectuelles. Et le temps, c'est précieux. [Rokhaya Diallo] (17)
Quant au terme de « fidélité », je lui préfère celui de « loyauté » - une loyauté que j'entretiens envers les personnes bienveillantes avec moi, au fil des années, mais aussi envers mes propres valeurs. J'essaye en quelque sorte de m'être fidèle, projet très beau et très ardu ! (63) [Olympe de G.]
Ce qui est exposé dans chacun des textes de cet ouvrage, ce que tentent de faire les féministes, les antiracistes et les mouvements dénonçant des normes autres que masculines ou blanches, c'est à l'instar de ces quatre disciplines (les sciences de l'univers, du corps, de la psyché et des parcours de vie), de démontrer une imposture. Pas celle de l'homme blanc en tant que tel mais l'imposture de ses productions qui se veulent universelles. L'imposture d'une littérature, d'une politique, d'une médecine qui s'adresseraient à tous et à toutes et n'adoptent, en réalité, le prisme que d'une partie de l'humanité.
Se confronter à la blanchité, c'est sortir de ce confort [sur les questions raciales]. C'est découvrir des zones intimes peu glorieuses, faire le triste constat des ravages du racisme en soi. (155) [Claire Richard]
Retenons simplement que nous avons toutes les raisons d'être en colère. C'est normal d'être investi·es émotionnellement sur des sujets qui nous touchent : c'est même la preuve de notre humanité. La colère, c'est le terreau de la révolte. C'est notre trésor. Embrassons-le et embrasons le monde. (85) [Tal Madesta]
Il n'y aura plus de misandrie le jour où il n'y aura plus de solidarité entre les hommes qui violent et ceux qui ne violent pas, ces mêmes hommes qui tiennent à assurer les violeurs de leur amitié. Comment leur faire confiance ? Il n'y aura plus de besoin viscéral de nous protéger des hommes quand ils ne se serreront plus les coudes pour protéger leurs propres intérêts. Comment croire à leur sincérité ? Quand il n'y aura plus de violences sexuelles, ni de système pour les minimiser, les excuser, les faciliter, quand il n'y aura plus d'hommes qui usent de leur pouvoir pour décider du sort de nos corps, de nos avenirs et de nos libertés, on verra la misandrie disparaître d'elle-même.
En attendant : tremblez.
(34-35) [Pauline Harmange]
On pourrait dire sans aucune exagération qu'un monde médical qui refuse de prendre en compte les questions raciales, de classe, de genre, de sexualité et de validisme, est un monde médical qui fonctionne à exclure purement et simplement ces patients minoritaires et donc à les exposer à des morts prématurées. On pourrait dire que le système de santé fonctionne à l'élimination des personnes minoritaires. (119) [Miguel Shema]
La vérité du monde médical ne réside pas dans ce qu'il dit qu'il fait, mais dans les corps qu'il maltraite, dans les corps qu'il oublie, dans les corps qu'il mutile. Si la médecine se donne comme tâche de soigner, il faut qu'elle s'en donne les moyens, et c'est pourquoi elle se doit d'intégrer une lecture sociologique de sa pratique. (122) [Miguel Shema]
Bienvenue au Wokistan est un livre où tout le monde se parle : celles et ceux qui posent des questions, celles et ceux qui écrivent des réponses et celles et ceux qui les lisent. Comme une manière de rendre vivante cette grande réflexion sur le monde que hous essayons de mener en commun.
Il est ironique de voir dans Paris des salons de coiffure pour hommes se baptiser les Mauvais Garçons, comme s'il fallait compenser virilement une incartade dans le monde du froufrou... (38) [Maxime Donzel]