AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Villoteau


L'on restait quatre jours en ligne et l'on redescendait pour quatre jours à l'arrière, et l'on remontait à l'avant pour quatre jours, et ainsi de suite jusqu'à la fin s'il devait y avoir une fin à cette triste histoire. Les poilus étaient découragés. Ce va et vient était bien la plus grande saloperie de cette guerre, et la plus démoralisatrice, et il ne manquait qu'une sirène à l'entrée des boyaux - une sirène et une horloge et un système de contrôle à poinçon qui leur aurait délivré une fiche et un petit portillon de fer à fermeture automatique - pour rappeller aux pauvres bougres leur boulot à l'usine, sans rien dire des blessés qui croyaient en être quittes, et qui remontaient, et qui remettaient ça, à l'usine de la mort, une fois, deux fois, trois fois, quatre jours en première ligne, quatre jours dans les cantonnements à l'arrière.

Ces cantonnements étaient la deuxième grande saloperie de cette guerre. Il y avait de quoi vous foutre le cafard. On logeait dans des granges déglinguées. On couchait sur de la paille pourrie dans laquelle les hommes enfouissaient non pas leurs pauvres guibolles esquintées, mais ces saucissons de Chicago qui schlinguaient, qu'on appellait de la "viande électrique" car aussitôt portée à la bouche elle vous soulevait le coeur (c'était instantané!) et dont les rats se régalaient comme de bonne merde.
Commenter  J’apprécie          50





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}