Pourtant l'auteur a consacré son ouvrage, non à l'histoire de la Fronde, mais à sa préhistoire. Il a suivi la règle : si tu veux comprendre quoi que ce soit, cherche l'origine. pour sortir du cercle étroit des arguments, maintes fois allégués et réfutés par les historiens de la Fronde, aux tendances les plus diverses, l'auteur s'est écarté des limites chronologiques de la Fronde même ; il a entrepris l'étude de ces mouvements sociaux qui ont précédé ce mouvement...
494 - [Champs n° 39, p. 10]
Au printemps de 1675 la révolte éclate à Rennes, s'étend aux autres villes de Bretagne et aux campagnes de l'ouest.
Cette révolte est loin d'être un événement isolé.
La paysannerie bretonne, singulièrement celle de Basse-Bretagne, s'était soulevée à de nombreuses occasions au cours des siècles précédents.
Un des premiers soulèvements connus se produisit en 931 contre les normands qui avaient envahi la Bretagne, pillant villes et campagne ...
... la bourgeoisie française, qui jouissait d'une part considérable du pouvoir à l'époque de Colbert, en fut écartée au XVIIIé siècle par la noblesse; il en résulte que la Révolution restitua les positions bourgeoises perdues, et continua à les affermir.
493 - [Champs n° 39, p. 10]
Ainsi, qu'à fait Thierry (dans Histoire de la formation et du progrès du Tiers Etat, 1853) ? Il a caché la nature véritable de la bourgeoisie sous "l'ancien régime" ; son caractère propre fut l'opposition simultanée à deux forces, qui étaient elles-mêmes en opposition l'une contre l'autre; donc une profonde contradiction. Thierry a dissimulé l'opposition entre bourgeoisie et peuple derrière l'idée de tiers état, et l'opposition entre classe bourgeoise et classe dominante (la noblesse féodale) en utilisant l'idée de monarchie au-dessus des classes; s'exprimait dans l'existence de la monarchie. Mais, dans une certaine mesure, il s'est appuyé sur les réalités: en effet l'opposition entre la bourgeoisie et la noblesse féodale, dirigeante a poussé celle-là à des essais constants, quoique craintifs, d'union avec le peuple, qui ont abouti à la révolution bourgeoise à la fin du XVIIIe siècle; mais l'opposition entre la bourgeoisie et le peuple conduisait en réalité à une union stable et durable de la bourgeoisie et de la monarchie nobiliaire, qui prit alors l'aspect d'un absolutisme au-dessus des classes. Cependant ce qui faisait la contradiction interne de la bourgeoisie dans son développement historique, Thierry l'a décrit comme une idylle étrangère à toute entrave dans sa marche progressive.
529 - [Champs n° 39, p. 33]
... police et justice étaient par excellence de son ressort.
Pierre Séguier, qui était passé maître en ce domaine, aimait sa tâche. Toute sa vie fut une lutte acharnée pour la sauvegarde du régime existant. Aussi réprimait-il sans merci les émeutes et séditions, à telle enseigne que son nom était auréolé d'une sinistre renommée, celle d'ordonnateur impitoyable de châtiments surtout après le séjour qu'il fit en Normandie pour punir les «Va-nu-pieds". Il serait insuffisant de dire que le chancelier était impopulaire : il était haï par le peuple comme un bourreau. C'est pourquoi lorsque, en 1648, éclata la Fronde, dès que la foule plébéienne, se sentit maîtresse de Paris, elle tenta, avant tout, de faire justice de Séguier en le mettant en pièces : seul le hasard lui conserva la vie.
495 - [Champs n° 39, p. 15]
Jusqu'à présent, l'histoire de la disparition des manuscrits de l'abbatiale (de Saint-Germain-des-Prés) n'est pas éclaircie. On a seulement établi qu'elle avait eu lieu la troisième année de la révolution, en 1791. Quoi qu'il en soit, la plupart des manuscrits s'est retrouvée, on ne sait par quel détour, entre les mains de l'Ambassade de Russie : Pierre Doubrowsky, collectionneur passionné et amateur de manuscrits anciens, qui sut s'approprier également une partie des archives de la Bastille, jetées dans la rue par la révolution, et autres objets de prix du même genre. En 1800, Doubrowsky rentra à Saint-Pétersbourg et, en 1805, il vendit son inestimable collection de manuscrits au gouvernement russe...
518 - [Champs n° 39, p. 17]
Dès la fin du XVIe siècle, convaincu de l'inutilité des drapeaux de la Réforme et du catholicisme pour défendre leurs intérêts, les masses populaires rejetèrent de leur lutte de classe toute couverture religieuse, après avoir subi toutes les déceptions confessionnelles et politiques. C'est en partie pour cette raison qu'à la fin du XVIe siècle, lorsque les masses populaires françaises parlèrent un langage de classe, simple et franc, les féodaux français s'empressèrent de « mettre fin aux guerres intestines religieuses » et, oubliant leurs querelles, se rallièrent à la monarchie de Henri IV. Ce dernier fit renaître l'absolutisme et le renforça considérablement. Pour étouffer la vague des soulèvements, il usa de violence, de cruautés et, en même temps, d'une tactique de concessions partielles.
99 – [Champs-Flammarion, n° 39, p. 49-50]