Une douzaine de moines du centre d'études zen de Tôkyô ont formé le groupe Shôjin-Project pour publier ce petit livre en 2014 au Japon. Son but est de nous faire appréhender la notion de beauté intérieure prônée par le zen. Ils définissent ainsi cette beauté zen : "Ce pourrait être l'attention portée à l'autre, la lumière née d'un regard sans ombre porté sur l'autre. La beauté zen est une beauté sans forme concrète, qui se révèle dans des paroles et des actes nés d'un esprit bienveillant. Une beauté tellement supérieure à l'artifice ! Une "belle personne" est quelqu'un d'une grande richesse d'âme. Notre livre existe pour faire prendre conscience de l'importance, pour le zen, de l'intention véritable et de la gravité de la simplicité." Le pari paraît ambitieux dans ce petit livre, à peine 90 pages en version poche parsemé de nombreuses pages blanches, mais il est finalement au moins partiellement gagné.
La forme compte beaucoup évidemment pour convaincre. Quatre parties, regroupant chacune sur une page des sortes de sentences traduites de kanjis. La signification de l'idée sous-jacente de ces sentences est développée ensuite et tient systématiquement sur une page. Elle est résumée d'une phrase en gras sous la maxime en question.
Il faut bien reconnaître que le décryptage de la sentence est indispensable, elle ne va pas de soi. Le résumé est heureusement plutôt explicite, et serait même parfois suffisant. En effet, le développement n'éclaire pas toujours davantage le propos. Soit parce que le résumé était limpide, soit en raison du carcan imposé par le format d'une page, qui oblige à une trop grande concision lorsque la question est complexe. Mais ce format se révèle également un atout pour donner au propos une grande force de conviction.
Autre point fort, comme ils le revendiquent d'ailleurs, nos moines zen n'emploient pas de termes ésotériques, le propos s'entend plutôt aisément. Cette simplicité est bienvenue car complètement en cohérence avec l'esprit zen et le fond des enseignements qui nous sont délivrés.
Cependant, sans doute en raison de l'encombrement éditorial depuis tant d'années sur le juteux segment du "bien-être", qui s'est emparé du zen pour en faire une mode dénaturée, l'impact de ce livre m'a semblé clairement amoindri. La concision, qui à mon sens serait plutôt une force, oblige aussi à procéder à des raccourcis dans des formules déjà bien connues de tous, et n'est pas propice à un propos novateur et approfondi. J'ai eu nettement une impression de déjà lu, déjà entendu, de facilité.
Heureusement, cette facilité, ce sera aussi celle de garder ce petit livre sur table de chevet, tellement il apparaît pratique d'ouvrir chaque jour une page, pourquoi pas en l'associant à une séance de méditation et à un bon thé vert japonais !
Ah...un dernier point qui sera moins zen...j'adore les éditions Philippe Picquier, mais cette édition de poche de 2019 comporte au moins 4-5 fautes, de français ou d'impression...alors que la première traduction Picquier grand format date de 2016. Moi qui pensais que les sorties poches devaient être l'occasion de rectifier des erreurs...Rien de complètement rédhibitoire (ma fidélité à cette belle maison n'en sera pas affectée), mais vu le peu de pages du livre, ce fait m'a semblé suffisamment visible pour devoir être signalé à des fins constructives !
Enfin, c'était l'avant-dernier, le dernier étant pour m'étonner de mentionner sur ce site babelio que nous chérissons tous ici le seul nom de Brigitte Allioux en bien gras, comme si elle était l'auteure. Pour être précis, elle a l'immense mérite d'avoir procédé à la traduction, mais l'auteur est ce collectif de douze moines zen japonais, qui d'ailleurs, cela apparaît dans la riche et exhaustive bibliographie de la fin, a largement puisé ses sources aux origines, souvent indiennes et chinoises, du zen.
Voilà cette fois, c'est fini !!! Bonne lecture !
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