Les heures qui s’enchaînent et s’accumulent composent à la longue d’étranges ouvrages où s’entassent des souvenirs anodins, flous, parfois quelques fulgurances. On perd presque tout de nos instants passés. La mémoire semble sommeiller au bord des eaux de l’oubli et seuls quelques copeaux d’éternité persistent à leur surface. Ce sont ces moments-là que l’on peut sauver des pluies acides du temps, que l’on peut tenter de préserver de l’effondrement en les écrivant : les beautés côtoyées, les purs éclats rencontrés, les parcelles d’infini qui nous ont fait vibrer. Quelques pierres de clarté sont posées, ça et là, dans ma mémoire qu’elles parsèment, des cristaux qui ne cessent de pulser, comme la lumière des étoiles au ciel : des moments d’extase, des visages, des décors, des baisers, des effleurements de peau, des mots très tendres suspendus dans le temps, des sourires à rendre fou… Des instants parfaits que l’on sait ne plus jamais pouvoir rejoindre et que l’on ne peut que célébrer en les arrimant comme on peut par des mots sur le papier.
L'être humain magnifie toujours celui ou celle qu'il a perdu. Une histoire inachevée est sublimée... Mais peut-on réellement retrouver à l'identique, des années plus tard, l'être aimé ? Entre l'amour et le désamour, le fil est si ténu... Ce sont les choses de la vie... Après D'où vient Angela Küber et Les mots de nos rêves, Bruno Descamps signe ici son troisième roman.