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Citation de ledefricheur


Tiens, une coccinelle.
Toutes ailes déployées dans l’appartement.
Une coccinelle ou plutôt… un mini scarabée vert ?
C’est inédit, ça. À Paris.
Un bébé scarabée à la coque chlorophylle volant comme à Rustègh dans les prés. Sauf qu’ici il n’y a que du zinc patiné gris à perte de vue.
(Ici, maintenant et sans crier gare, un vrombissement.)
Qu’est-ce que… Il, non –
Mais…
Sur mon index ? Il s’est posé sur –
Mon doigt ?
— OK. Alors écoute, Scarabouille : je suis contre les signes du destin, et les signes en tout genre, d’ailleurs. Favorable en revanche à la liberté, à commencer par la tienne au passage. Je te jure. Bon. Tu veux vraiment qu’on reste comme ça ? Serais-tu une joyeuse blague que me fait ce matin l’absurdité du monde ?
(Et là du fond de la pièce :)
— Qu’est-ce que tu marmonnes, Renzo, dans ton coin ?
— Trois fois rien, mon Dino, rien en fait.
— Tu parles seul maintenant ? Sans blague ! Il est vrai que tu l’as toujours un peu fait. Mais là c’est à voix haute. Tu as franchi un cap on dirait.
— Et si tu t’approchais, hein ?
— Tu peux pas parler plus fort ? J’entends pas bien !
— Et toi tu ne veux pas te décoller du fauteuil, du journal, du bruit du monde et venir voir ce que l’univers me susurre sur le bout du doigt ?
— T’es sûr que ça va, Renzo ?
— Pardon ?
— Es-tu certain que tout va bien, Renzo ?
— Mais oui : regarde.
— Dis donc… T’as un scarabée vert sur l’index, toi !
Et qu’est-ce qu’il raconte ?
— C’est un peu la question que je me pose. Que je lui pose. Que je nous pose : nous comprenons-nous vraiment ? Ou du moins, assez, pour vivre ensemble ?
— Hou là ! Tu as travaillé tard sur la transcription des entretiens avec Filiberto, hier soir ?
— Oui mais ce n’est pas la question. Je te ferais remarquer que le ci-présent Scarabouille ne donne aucun signe indiquant sa volonté de repartir. Or il s’est installé tranquillou dans un milieu qui lui est tout sauf propice. Et je dirais même : lui aussi. Tu me suis ?
— Tu parles pour nous ? La maison ? Ou pour les Juifs follets qui apparaissent et disparaissent au détour de la route dans notre bel Apennin vert ?
— Quelle différence, DinOurs ? Sans oublier les émigrés comme ton grand-père qui ont quitté des bois si peu amènes pour venir à Paris. Ça ne devait pas être très drôle de faire chauffeur de chaudière, passer sa vie à enfourner le charbon dans les immeubles cossus pour qu’ils restent au chaud, pendant que lui et les gars de Rustègh rentraient dans leur foyer très moyennement chauffé en pensant à des femmes qu’ils ne reverraient que l’été suivant. Tu ne crois pas ?
— Toi tu as regardé trop de mélos italiens.
— Et toi tu éludes la question.
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