Bryan Mc Wan

- Que ça soit bien clair, Jarvus, tu es responsable de tous ceux qui montent à bord pour le trajet. Tu surveilleras qu'ils ne foutent pas le boxon dans mon vaisseau et je te tiendrais pour responsable de tout ce qu'ils casseront ! Compris ?!
- Ça va, calme-toi, ils savent se tenir, ils rangeront, on n'est pas des enfants quand même.
- Jarvuuuus ! Franck se décompose dans la cuisine a hurlé Edgar au travers du couloir.
- De tout, Jarvus ! De tout !
Elle m'a lancé une pichenette électrique qui m'a endormi le bras droit avant de partir en trombe vers la cuisine.
- Je vais ramasser. Ça m'arrive tout le temps, je suis vraiment confus, s'est excusé Franck en la voyant débarquer.

Vous connaissez le plus gros problème des races géantes, dans le genre des Ogmoas ou des Triforcians ? Et bien... Ils font trois mètres de haut. Dans un sauna où vous êtes nus...
J'ai frissonné tandis que ce colosse me bousculait pour passer, il ne s'est même pas excusé pour s'être servi de mon épaule comme repose-pied, surtout que ce n'était pas son pied !
Je l'ai regardé s'éloigner avec son troisième bras qui se balançait comme un pendule quand le drame est arrivé. Un Nain, à l'allure fière et qui marchait d'un pas décidé, a croisé la route du colosse, j'ai juste entendu le bruit d'une grosse claque bien humide avant de le voir s'envoler, retomber un peu plus loin sur le carrelage et continuer sa route en glissant sur le sol dans un bruit de vieille raclette.
- Ça a dû faire mal ça ! a frissonné Edgar.

- Je n'ai vraiment pas de chance... ai-je soupiré. La dernière dont je suis tombé amoureux s'est avérée être un Gnome sur les épaules d'un autre et maintenant une IA...
Wilson m'a fixé un instant en plissant ses yeux, comme s'il tentait d'analyser la chose.
- Simple question, sans aucun jugement bien sûr, histoire de parfaire ma base de données vous concernant, après combien de temps avez-vous remarqué qu'il s'agissait de deux Gnomes ?
- Le troisième rencard, juste avant de passer à l'acte, ai-je avoué.
Je ne vous raconte même pas la surprise lorsque j'ai vu les deux Gnomes nus comme des vers, sortir de la salle de bain, toujours l'un sur l'autre, m'entendre leur crier qu'ils n'étaient pas une femme et leur surprise à eux lorsqu'ils m'ont vu nu et crié que je n'étais pas un Elfe.

C'est à ce moment-là que j'ai remarqué que j'étais complètement nu. Tous mes vêtements avaient brûlé.
Je savais que je n'aurais pas dû croire ce vendeur Gnome quand il m'a dit qu'ils étaient ignifugés.
Par réflexe, j'ai caché mon service trois-pièces dans la mesure du possible.
Les policiers m'ont alors hurlé de lever les bras en l'air, j'ai obtempéré sans la moindre hésitation. Quand vous avez trente gars armés qui vous menacent, vous ne cherchez pas vraiment à vous justifier ou à négocier.
À peine les avais-je levés que plusieurs d'entre eux ont détourné le regard.
- Par le dieu de la virilité ! a pesté l'un d'eux juste avant de regarder ailleurs tandis qu'un Elfe relevait un sourcil de curiosité.
Wilson s'est lentement déplacé pour sauver mon honneur.

- Wilson, t'as l'air bien au courant des lois et autres protocoles, tu peux me parler un peu de cette dette ? Comment je vais pouvoir rembourser un truc pareil ? Les Nains qui m'ont enlevé, comment ils faisaient ?
- Oh, mais c'est extrêmement simple, ils ne la remboursaient pas !
- Je te demande pardon ? Mais les intérêts, les chasseurs de primes, comment ils faisaient ?
- Ils s'accumulaient, et les cadavres aussi... Maintenant qu'ils ne sont plus mes propriétaires, je peux enfin parler d'eux sans risquer qu'ils me transforment en objet dont je préfère taire les fonctions. Ces Nains, ils étaient de la pire espèce, des fonds de baril du pire endroit que la galaxie connaisse !

Les voyages spatiaux comportent tout un tas de dangers de base. Entre les radiations cosmiques, les micrométéorites, les éruptions solaires et tout un tas d'autres dangers pouvant survenir à cause de ce qu'on pourrait appeler la météo spatiale ou le climat spatial.
Outre les aléas de la nature, il y a aussi d'autres éléments à prendre en compte, comme les pirates ou certaines formes de vie propres à cet environnement si particulier que peut être l'espace.
Et cette liste non exhaustive ne vaut que pour les voyages dans l'espace classique. En effet, les voyages par les courants, bien plus dangereux, ont la particularité de le devenir de plus en plus à mesure que la profondeur augmente.

- Wilson, est-ce que tes capteurs voient quelque chose ?
- Wilson ceci. Wilson cela Même pas de s'il vous plait. Avez-vous oublié que je suis un droïde de navigation à la base ? a-t-il pesté.
- Et toi, as-tu oublié à quel point ma patience est limitée ? ai-je grincé des dents.
- Oh ? Vraiment ? Vous m'en direz tant ! m'a-t-il provoqué.
- Si tu avais répondu à la question, on aurait déjà l'info... a rétorqué Edgar.
- Oh vous, le Gnome obsédé, on ne vous a pas sonné !
- Arg ! Cette vérité, bien que hors sujet, me foudroie en plein cœur comme cette folle d'élémentaliste ! a dramatisé le Gnome en s'accrochant à mon pantalon.

Les lumières ont clignoté aussitôt sa phrase finie, et un ricanement malfaisant a retenti dans tout le vaisseau suivi d'un cri aigu, m'empêchant de poursuivre ma réflexion plus loin.
- Wilson, c'était toi ?
- Absolument pas.
- Tu peux le dire tu sais, je ne te jugerai pas, ai-je insisté.
En réalité, c'était moi, mais je n'avais pas envie de me faire juger.

- Qu'est-ce qui me retient de te vendre pour pièces au premier ferrailleur déjà ? ai-je grincé des dents.
- Et qu'est-ce qui me retient de vous vendre pour vos organes ?
- Ton contrat, stupide droïde de navigation. T'as beau faire le malin, je reste ton capitaine et donc ton maître, ai-je dit d'un ton moqueur.
- Seuls ceux qui n'ont pas de réelle autorité doivent sans cesse rappeler aux autres le peu qu'ils ont.
Wilson était exécrable. Un droïde invivable avec une personnalité imbuvable. La dette, à côté, était une partie de plaisir. Il avait peu de bons côtés et les mauvais les supplantaient largement. Mais malgré ça, l'idée de le vendre me débectait, c'était le premier compagnon que j'avais eu en plusieurs années, même si sa fidélité était liée à son code source et ses protocoles.

La vie est une grosse tartine de merde dont il faut manger un morceau chaque jour ! C'est du moins ce que me répétait tous les matins le vieux clochard crado qui vivait sous un pont en bas de chez moi. Et jusqu'à maintenant, il n'avait pas vraiment eu tort...