Le problème de la manipulation de l'identité éthique ne se limite pourtant pas aux ethnies dans le nom est connu. Chaque ensemble archéologique peut en effet être utilisé pour construire une identité s'il devient un objet d’intérêt public. Il peut être accaparé, reconstitué, interprété ou altéré par les chercheurs, par les hommes politiques ou par un lobby, d'où qu'il provienne et de quelque époque qu'il date. Non seulement la résidence de Dinghies Khan en Mongolie mais encore, les momies péruviennes ainsi que les squelettes australiens du Paléolithique ont été utilisés à des fins politiques ces dernières années.
L’archéologie objective n’existe pas. L’archéologue ne voit que ce qu’il cherche – et l’on ne cherche que ce l’on connaît, ce que l’on a formalisé au moins à titre d’hypothèse. Sa capacité de curiosité, d’imagination et de critique est extrêmement faible. Son corpus de valeurs détermine la démarche du chercheur. Ses propositions d’interprétation sociale sont biaisées par ce qu’il est, et par ce qu’il connaît de la suite du temps : davantage encore qu’en histoire, le risque de téléologie est grand. Sa réflexion est de plus largement influencée par les paradigmes ambiants.
Pour construire leur pouvoir, les rois, les pharaons et les empereurs ont besoin du savoir. La connaissance du passé, des écritures anciennes, des traditions et des monuments fait partie de l'arsenal politique des souverains. La recherche des objets, des inscriptions et même des monuments du passé est ainsi attestée par des textes, des collections, des descriptions de fouilles.
De plus, force est de constater que beaucoup de chercheurs seront après la guerre plus ou moins rapidement "blanchis" et reprendront le fil interrompu de leur carrière, quelle qu'ait été l'importance de leur engagement au service du régime hitlérien.
En effet, en tant qu'archéologues, nous sommes d'une certaine manière les gardiens de la mémoire historique la plus ancienne.
Les études menées récemment expliquent aisément ce mutisme, car elles ont révélé que 86% des archéologues allemands étaient membres du NSDAP,ce qui en fait l'une des professions parmi les plus nazifiées.