C’est la panique au Panier et pour une fois je n’exagère pas.
Dans les rues et les cafés, le seul sujet de conversation c’est le graffeur secret. Tout le monde semble avoir une opinion sur son identité. Deux clans se sont formés : ceux qui pensent que les tagueurs ne sont qu’une bande de voyous qui dégradent les murs et les bâtiments de notre quartier et ceux qui pensent qu’ils sont de vrais artistes.
Jour après jour, heure après heure, la tension monte entre les deux clans. Un orage se prépare et je sens qu’il ne va pas tarder à éclater au dessus de nos têtes…
Je suis sûr d’une chose, en tout cas : cette histoire ne peut plus durer. Le Poète Maudit doit se montrer et mettre fin à cette guerre.
Sinon, Idriss et moi, on va devoir lui forcer un peu la main.
Du coup, on profite du week-end pour essayer de réunir des indices et interroger tous les commerçants du quartier, à commencer par Fabian, le propriétaire du bazar de la montée des Accoules.
— Tu n’as rien vu de bizarre ? je demande.
J’avoue que c’est un peu étrange comme question étant donné les circonstances.
Arrivés rue du Panier, Idriss et moi, on slalome entre les tables et des chaises disposées devant les cafés. A mesure qu’on descend la ruelle, les gérants et les habitués nous saluent et nous traitent gentiment de « minots ». Les touristes, eux, observent nos échanges avec curiosité. On dirait que ça leur plait d’entendre l’accent chantant du sud et l’authentique parler marseillais.
Rien de tel qu’un petit duel de foot pour se défouler, après une journée passée assis sur une chaise