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Citation de Antigonedeuxpointzero


Petite Anastasia se croyait immunisée, protégée par son intelligence à haut débit, son arrogance, sa prescience de son jeune âge et de l’itinéraire qui s’offrait à elle. Elle, elle y arriverait. Elle, elle ne se laisserait pas grignoter petit bout par petit bout par ce que les adultes autour d’elle appelaient réalisme mais qui n’a jamais été rien d’autre que du cynisme. Elle avait conscience d’être petite, à l’époque. Elle aurait voulu le rester. Ce n’était pas son corps immature qu’elle voulait préserver, au contraire, elle avait des rêves trop dévorants pour ça.

Non, l’objet de son inquiétude, c’était son petit cerveau idéaliste, son regard sucré et naïf, son avidité d’histoires à découper dans le grand imagier de ses impressions cacophoniques. Ses yeux d’enfant. Elle les fixait dans le miroir de la salle de bains, terrorisée des déformations qu’ils allaient subir alors que les années passeraient. Elle ignorait alors que les yeux sont la seule partie du corps humain qui ne grandissent jamais. Ceux d’un nourrisson font exactement la même taille que ceux d’un adulte. Croire que ses yeux allaient changer était faux d’un point de vue biologique, certes, mais pas stupide. Les yeux gardent peut-être leur déguisement d’enfance, mais ils désapprennent leurs émerveillements, leurs raccourcis et leurs fantasmes. Sous le poids des déceptions, ils se voilent de restrictions. Ils s’aliènent. Se méprennent. Se fourvoient. Et leurs hôtes avec.
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