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Citation de rose3711


Je crois bien que c'est à ce moment-là que maman s'en est rendue compte. Anton parlait tout seul. Nous nous sommes jeté un coup d’œil, elle n'a rien dit, moi non plus. Son regard avait pris une drôle de couleur comme s'il s'était brusquement réveillé après des années de sommeil. Elle est restée accroupie, des Legos dans le creux de sa main, observant, je devrais dire, décortiquant les gestes de son fils.
Je suppose que c'est comme, lorsque l’on regarde intensément un objet pour le dépouiller de tous ses détails. J'ai déjà fait ça, la sensation est bizarre. J'ai juste récolté un bon mal de tête et puis cette impression d'être une toute petite chose perdue, devant des meubles aux dimensions gigantesques. Ce ne sont que des effets d'optiques, mais quelle ivresse ! Aussi puissante que les fonds de verre abandonnés sur la table du salon. (Une expérience de jeunesse qui m'a fait détester l'alcool tout le reste de ma vie, sauf le cognac pour les langoustines.)
Maman n'était ni inquiète, ni effrayée, seulement curieuse. Étonnant n'est-ce pas de découvrir son fils en plein bavardage avec on ne sait qui ?
« Tiens, prends ça », et il tend un jouet dans le vide. L'espace d'un instant, on aurait pu croire que le Lego s'envolerait dans les airs, comme si, par une formule magique « ô temps suspend ton vol », le cube rouge restait coincé une seconde dans l'espace.
Bien sûr, ce ne fut pas le cas. Je me dis parfois que mon imagination dépasse les bornes. La formule magique s'est transformée en un joyeux « t'as la cervelle qui déraille, ma fille. »
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