La toute fraîche arrivée du nouveau propriétaire n'efface pas le souvenir, la cruauté du dernier jour d'Isidore. J'étais alors chez Albin Michel. Il y avait une réunion dans mon bureau. J'avais demandé qu'on ne me passât aucun coup de fil et voilà qu'on m'en passe un ! J'étais entouré de messieurs très sérieux, on discutait de problèmes très graves. On me dit : "C'est madame Sabatier" ; je dis : "Ah ! bon ! qu'est-ce qu'il y a ? " Elle me dit : "Tu ne reverras plus ton chat, il vient de mourir ! " J'ai éclaté en sanglots. Très embêtant ! Au milieu de tous ces messieurs sérieux et cravatés, j'éclatais en sanglots ! Ils m'ont dit : "Mais qu'est-ce qu'il y a ? " Je n'osais pas leur dire : "Mais le petit chat est mort ! " Alors j'ai dit : "Ce n'est rien, messieurs, continuons." Je voyais bien qu'ils me lançaient des regards inquiets en pensant que j'avais un deuil dans ma famille. En fait, j'avais un deuil dans ma famille.