Les foules sont régies par une « unité mentale » et « une âme collective », transitoires, qui fusionnent et orientent tous les individus, dans la même direction. Ce nivèlement émotionnel et intellectuel anesthésie toute volonté personnelle et annule toutes les aptitudes individuelles qui distinguent, naturellement, des éléments hétérogènes : un philosophe dans une foule n’est pas plus intelligent qu’un simple illettré.
La suggestibilité caractérise la tendance à transformer immédiatement en actes les idées suggérées, la foule étant en état d’« attention expectante », tel un hypnotisé . Cet état dérive d’une âme archaïque inconsciente et, de surcroît, de nature primitive. La conscience s’évanouit et les facultés intellectuelles s’y retrouvent fortement annihilées.
La contagion se réfère à la propension des individus dans une foule à suivre, indiscutablement, les idées prédominantes et à être galvanisés par l’émotion commune : l’intérêt collectif se substitue à l’intérêt individuel.
Le sentiment d’irresponsabilité domine les foules : l’appartenance à une foule anesthésie les inhibitions et confère à l’individu un sentiment de « puissance invincible ».