Titus planait.
En dessous de lui le Sancy, diamant pur, étincelait, encore paré de neiges en ce début de printemps. Tout le massif, givré comme une pièce montée, semblait saupoudré de sucre glace. Titus remit un peu les gaz, prit de l'altitude en virant au-dessus des montagnes majestueuses. Le ciel, d'un bleu dragée, se teignait d'or et de rose pastel. Ebloui, l'aviateur solitaire battit des paupières. Il se mit en palier, régla le compensateur et se laissa porter par les courants comme un grand oiseau blanc. Une félicité profonde le submergea, alors qu'il flottait dans l'air azuré, à trois mille pieds d'altitude, un bonheur pur, sans mélange, d'autant plus intense qu'il survenait après des mois de tourments et de découragement. Et voilà qu'ici, dans l'écrin immaculé de ces monts antiques, il avait trouvé la paix.