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Citations de Catherine Ysmal (14)


J’avance et elle recule. Elle m’échappe, Irène, contrepied, pas de danse. Réellement. Et c’est peut-être dans ce doute que je m’égare, qu’elle ait pu le faire ainsi, de côté, pas de face, pas comme un taureau fou qu’elle était pourtant, puissante, cornes toute dressées, venant au combat et poussant de ses forces. Au début, elle charge. Je le dis au présent, je veux toujours dire au présent même si je ne fais que me souvenir.
Je la tiens.
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C'est la vérité. Je n'ai jamais eu d'aventure avec Pierrot et s'il connaissait ma cicatrice, c'était de l'avoir vue un jour dans un champ car j'avais levé ma robe, c'est vrai, pour la baisser aussitôt, c'est vrai, avec, encore, ce rouge aux joues qui chauffe et qui dit un désir peut-être mais de moi-même, du soleil, de cette minute où l'on se rejoint pour s'offrir entière, unie et sans précaution - c'est-à-dire sans visée.
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Un port, cela me revient, les sentinelles marines. J'allais chaque matin discuter avec une mouette et revenais satisfaite et ragaillardie, détournée par rien et que rien ne permettait d'interrompre, pas même le garçon de café qui me demandait toutes les heures si je souhaitais autre chose, comme s'il fallait payer pour être là, au bord de la falaise, en bas exactement, pour échanger des cris, muets bien sûr, avec l'oiseau blanc qui me tenait lieu ici d'unique ami. Il se posait sur le guéridon et restait immobile sur ses hautes pattes tandis que je tournais la cuillère dans la tasse vide, tenant d'aluminium à la porcelaine en petits coups rapides et ordonnés.
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Pour Irène, douter était vivre, balbutier, revenait à penser. Je le voyais une fois encore, à tout l’espace qu’elle laissait entre les lignes de son cahier ou, à cette manière de le prendre a l’envers. Ce n’est pas pour autant qu’elle était plus bavarde, au contraire. Elle le noircissait des journées entières, en réclamait d’autres, des carnets et des heures qu’elle volait au quotidien, à ce qu’elle aurait du faire, laissant la maison en l’état et le lit défait, les tasses du petit-déjeuner sur la table à midi. La seule chose qu’elle maintenait était ses disparitions l’après-midi, accompagnée de son carnet que j’ai cherché pour le lire, qu’elle fourrait je ne sais où et ne veux pas le savoir, par peur, je l’avoue. De cette peur qui augmente à mesure que je remarque les faits, que je les attache les uns aux autres ou que je les examine séparément, je me dirige vers cette image qui ne dira rien d’autre que la vérité.
Elle devenait plus folle, personne atteinte de troubles mentaux.
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Brinquebaler du squelette chaque jour, non pas d’un pied devant l’autre, non, adopter plutôt la déambulation du crabe : aller de biais.
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La ligne tue, j'en suis certaines. Du moins dans mon esprit de rocailles qui chante les songe-creux et qui ne supporte que du pli, le pli d'une robe, le faux pli que je lisse la journée durant prenant ma paume pour un fer chaud. Ce pli, symbole de ce que je serais, tout entière et donnée comme un pli du hasard. A voix haute, j'affirme qu'un chemin n'a pas l'utilité d'une route, qu'il n'est pas forcément tracé. J'y mets ma liberté.
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- Taisez-vous, fantoches autoritaires, faiseurs de mots, dompteurs crétins, bateleurs impuissants à ramener la cacophonie en chaos véritable, les vers à la vie, contre ceux qui malgré tout s’échappent du corps, quadrillages sur les hanches, têtes d’épingle, furoncles emmanchés sous la peau et que vous lisez d’une langue inadaptée aux déroulés fleuves. Je ne veux pas que l’on me ferme les frontières de l’invisible, ni faire mien un réel dévasté et preuve, la richesse des galets au regard de la tristesse de vos tombes. Vert marbre contre minéral. Caporal-chef ès miel duveteux contre éboulis. Je vous tuerai tous. Un à un. Et morts, je vous tue sans relâche, et coupe vos gangues.
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J'aurais aimé ni mourir, ni renaître. Trouver à dire. Ne pas être une bouche ouverte, fermée. Un gouffre, un orifice à prendre. Ne pas être un corps incisé dans lequel l'eau se faufile, gèle, éclate, creuse. Être autre qu'un coeur réservé, qu'une catin, une midinette puérile ; autre qu'une chose à parler, qu'une ficelle que l'on débobine et rembobine, écheveau de rien.
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Taisez-vous. Crachoirs, réceptacles de mots prudents, jolis-jolis. Vous, vidanges de ceux que vous preniez malin plaisir à policer. Il n’y a rien de beau au monde crasse. Ou votre bohème. Rien de beau en effet à l’armure que je porte, protection aux claques, et rien de beau non plus, à son clapet qui me ferme.

Regardez mes mains ! Elles passent et repassent sur vos verbes. J’effacerai tout. Tout de ton nom gavé d’éternité.
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Je ne sais pas ce que tuer voudrait dire. Je le veux pourtant. Je trinque à l’eau de vie une tasse dans chaque main. Puis, toujours accroché au beffroi ou lui à moi, je ne sais plus, je regarde ce chat crevé et au loin, le cimetière où il y a mon père auprès duquel meurt cette part de moi-même qui m’obligeait à me taire ou bien à répéter.
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Mes langues qui, à coup de grandes pelletées, pourfendent leur atavisme et traquent leurs ombres puisque partout des mots depuis l’enfance. Graphies sur boîtes, étiquettes, chansons, néons clignant de sens, obus, béton, tags, pubs, discours ferrés dans des formules.
Puisque partout, à l’âge d’homme, des mots entravés dans des échafaudages d’architectes sous contrat, de graphomanes nostalgiques, de cultivateurs sédentaires, idiomes promus à la hauteur d’un clocher urbain, lui-même battant prétendument sa coulpe. Hou Hou, doigt tendu. Ah, Ah, la liberté, la Liberté !"
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Ma première vision se corrode à la réalité, le ventre de l’océan est repu de navires de la marine marchande, de sérieux stratégique, de débarquements tandis qu’à la seconde l’albatros marche dans ses mille ans et boit le noir. Le gras de mon crayon – huile qui me conduit de pointillés en traits extatiques – m’absorbe dans son sillage, bouillonnant, et c’est tout entier que je chauffe, sorcier roux passé à la vindicte des épines dont on me troue le corps pour savoir si je nage ou si noyé, il me reste du temps jusqu’à une nouvelle image.
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La machine à laver, j’aurais trouvé plus simple. Proche de notre siècle. Moins stupide qu’elle y enfile le linge et qu’elle appuie sur un bouton. Elle le faisait d’ailleurs, une fois certaine d’avoir gagné ses auréoles et de les avoir posées au-dessus de sa tête.
À ma mère, je rends la couronne, je n’en ai besoin d’aucune."
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Il m’aura fallu attendre longtemps sur le seuil du nom afin de me soustraire d’une langue imprononçable. Ni la mienne, ni celle d’un autre, mais une langue commune : décor défraîchi sur lequel je collais quelques lettres ou, au mieux, des mots qui me venaient de derrière la tête. Je tentais de raccommoder des fluides, matières molles, substances larvaires, exhortant le mou à plus de fermeté, dur à l’image de mon corps tendu, comme cette plaque posée à même le sol, tombeau d’une famille par la mère, là où tout demeurerait inconnu sinon ce qui se disait dans l’incongruité d’un geste habité par la pierre.
C’est aussi celle que j’ai foulée au cimetière. Cette plaque entourée d’herbe. Sur celle-ci que j’ai mis un bouquet de coquelicots fanés piqué de la tombe d’un illustre poète.
Et je profane la langue. Je vole.
Et continue encore à l’affirmer en parcourant les allées ceintes d’aïeux qui, même raides, continuent d’expectorer.
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