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Citation de Ledraveur


Selon une idéologie et une rhétorique du karma qui vont être repensées, le chantier (travaux de jardinage, de construction, de décoration, de rénovation, etc.) va être perçu comme un moyen de purifier son karma en accumulant des mérites. J'ai pu, à plusieurs occasions, me rendre compte de cette acceptation de la contrainte (inhérente à toute institution hiérarchique), domination tant symbolique que réelle et sa formulation en aspects positifs — « je purifie mon karma » — par ceux qui la vivent. Cet asservissement (non systématisable) est caractéristique de la majorité des bénévoles que j'ai rencontrés dans les centres Kagyü. Le karma est utilisé pour légitimer les différents statuts, entraînant la pérennité des hiérarchies internes au sangha. Bourdieu écrivait que pour que « l'acte symbolique exerce, sans dépense d'énergie visible, cette sorte d'efficacité magique, il faut qu'un travail préalable, souvent invisible, et en tout cas oublié, refoulé, ait produit, chez ceux qui sont soumis à l'acte d'imposition, d'injonction, les dispositions nécessaires pour qu'ils aient le sentiment d'avoir à obéir sans se poser la question de l'obéissance ». Cette affirmation s'avère pertinente au regard de mes observations.
Le travail bénévole peut être remis en question et critiqué par des bouddhistes de longue date, qui en ont fait l'expérience. Certains se retrouvent dans des situations difficiles n'ayant pas eu d'activité(s) professionnelle(s) rémunérée(s) pendant de nombreuses années et n'ayant pas cotisé, faute de moyens, aux différentes caisses sociales d'assurance, certains s'étant écartés de leur entourage familial et amical à cause de leur engagement bouddhique (alors perçu comme un engagement sectaire). Parfois, ils ont été « instrumentalisés » et « manipulés » selon leurs propres termes. D'autres sont partis du centre car ils n'avaient pas d'autres choix. Dans la quatrième partie, il sera question d'analyser ces rapports d'assujettissement(s) « communautaire(s) » liés à la relation au lama (réelle, supposée ou projetée*) et à ce que je nomme « servitude volontaire » et relation de « vassal à suzerain » ; deux pôles opposés entre lesquels oscillent les relations de la plupart des maîtres et des disciples rencontrés.
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*Plusieurs fidèles se disent disciples de tel ou tel maître alors que ce dernier n'a rien laissé supposer de tel.
p. 233
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