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Citation de Mahpee


Pendant son apprentissage, concentré sur l'enchaînement des syllabes, la fonction des terminaisons, les affres de la grammaire, il ne s'était pas autorisé à embrasser le texte comme un ensemble : seul le mot isolé lui procurait du plaisir, celui de la compréhension, de la construction. Mais, une fois intégrée la mécanique des phrases, il avait lu le texte comme tous les citoyens. Et l'évidence s'était vengée : il ne ressentait rien.
Pas le moindre tremblement. Son coeur restait sec comme une plage désertée par les vagues. L'imagination pédalait dans le vide. Plus il avançait dans le texte, plus l'ennui prenait du poids, l'écrasait sous des avalanches d'histoires improbables. Déçu 1075 se croyait inapte, incompétent. Les livres Frisson ne lui inspirait qu'un dégoût prononcé pour les scènes de meurtre et les courses-poursuites au fond des bois quinze fois revisitées par le même Ecriveur. Les mots tentaient, en vain, de percer les barricades. Vaincus, ils retombaient comme des billes de chewing-gum oubliées dans le distributeur d'une fête foraine. 1075 ne supportait pas l'dée d'être totalement indifférent aux sensations que le texte était censé transmettre : des femmes pleuraient, leurs enfants se blottissaient contre elles, ils n'avaient rien connu de meilleur. Chez lui, les mots ne dégageaient aucune complicité, leurs bras n'étreignaient jamais ses pensées profondes. 1075 avait l'impression d'être un enfant qu'on essaierait d'amadouer avec des peluches débiles aux oreilles décousues.
Tant d'efforts, pour un mensonge.
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