Cette nuit je me suis réveillée au milieu des heures sombres, et j'ai vu un chat assis sur mon bureau.
Un vrai chat, un vrai de vrai. [...]
Pourtant il était patamoi, ce vieux matou.
En fait, j'ai pas de chat du tout.
Il m'a fixée d'un air sérieux, puis m'a fait signe de le suivre en me lançant un roumâou pressé. Ça avait l'air important, alors je l'ai suivi.
Vous auriez fait quoi, vous ?
Je me suis dit que si chaque feuille était comme une auberge éclairée au milieu de la nuit, on était à l'abri dans ce jardin. Et que si on recouvrait le monde entier d'arbres à feuilles, on n'aurait plus jamais l'impression d'être perdu nulle part.
J'ai pensé à mon cerisier.
J'irais l'arroser, demain.
Pendant que je prends mon petit déjeuner, maman touille son thé d'un air grognon-mal-reveillé. Je me dis que j'ai bien fait de suivre le chat Patamoi cette nuit. Et que si tout le monde suivait son Patamoi la nuit, les gens seraient de meilleure humeur le matin. La terre s'en porterait sûrement mieux.
Je me suis dit que si chaque ombre était un souvenir, il avait du s'en passer des choses dans cette rue. Et que si toutes les ombres de toutes les rues du monde se mettaient à chuchoter, la terre vibrerait de milliers d'histoires chaque nuit.
« Tu te perdrais dans l’océan! Je ne me perdrais pas, il m’accueillerait chez lui! Je glisserais dans son ventre tiède. Comme avalé. Je serais un peu lui, il serait fait de moi. »