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Citation de Lapkast


Edgar sortit un livre de sa pelisse, ne doutant pas qu'il en aurait pour un moment.
Seuls une poignée de gens triés sur le volet savaient qu'il était un Sigma, c'est-à-dire un membre de l'unité la plus secrète de la DGSE, le service des Archives. En fait d'archives, ce groupe parallèle à la DR [Direction du Renseignement qui gère la collecte du renseignement] comme à la DO [Direction des opérations, qui gère les unités militaires du service Action (SA)], était en charge des coups les plus tordus, des missions illégales tellement "limites" qu'elles ne pouvaient être menées ni par des militaires ni par des fonctionnaires civils sous statut. Une programme que la vague d'attentats avait considérablement élargi ces dernières années et qui incluait désormais les "traitements négatifs" de citoyens français ou européens, euphémisme tout bureaucratique désignant les éliminations ciblées.
Depuis le général de Gaulle, la règle des commandos du 11e choc puis des exécuteurs spéciaux de l'unité Zeta du SA pour les assassinats ciblés avait toujours été claire : "Jamais en France, jamais contre des Français." L'irruption de Daech avait fait voler en éclats ces pudeurs. Les Sigma comme Edgar avaient désormais un périmètre d'action presque illimité : l'élimination des djihadistes les plus dangereux, où qu'ils soient et quel que soit leur sexe ou la couleur de leur passeport.
Car en cas d'arrestation, les terroristes islamistes relevaient de dispositions légales laxistes, antérieures aux grandes attaques récentes. La loi ne pouvant être rétroactive en matière pénale - un principe fondamental dans toutes les grandes démocraties occidentales -, ils risquaient une vingtaine d'années de prison, voire moins de dix ans s'ils s'étaient contentés d'assurer un soutien logistique à la perpétration d'attentats, ou que la preuve de leur participation à des meurtres de civils ne pouvait être suffisamment étayée. Quant aux programmes de déradicalisation, ils n'avaient jamais marché, quoi qu'en pensent les rêveurs.
Rien de nouveau à cela. Après la Seconde Guerre mondiale, quantité d'études avaient montré que les anciens nazis dans leur immense majorité conservaient leur foi nationale-socialiste. Ils ne changeaient jamais de vision ni de système de pensée. Jusqu'à leur dernier souffle.
C'était exactement la même chose avec les djihadistes. Ces terroristes étaient souvent très jeunes, nul n'ignorait que 99% d'entre eux sortiraient de prison avec la volonté comme la capacité d'agir à nouveau. Etant donné qu'il faut au moins vingt fonctionnaires pour surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre un suspect, les six mille membres du contre-espionnage n'avaient tout simplement pas la possibilité de suivre réellement plus d'une centaine d'entre eux. Or ils étaient des milliers.
Aussi, par une sorte de principe de précaution appliqué à l'antiterrorisme, la DGSE avait décidé que leur élimination préventive était la solution la plus simple pour éviter de futurs attentats. Comme membre du service des Archives, Edgar était l'un des quelques hommes et femmes chargés d'appliquer la sentence. Ils n'utilisaient jamais de moyens sophistiqués comme les explosifs ou les poisons, qui auraient pu attirer l'attention de la justice ou des médias et impliquer, en cas de bavure, la présence d'un grand service de renseignement. La méthode utilisée était rustique et efficace : l'exécution par balles, suivie, autant que faire se pouvait, de la disparition pure et simple des corps.
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