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Citation de FRANGA


De contenance, il fut très peu question pour moi au cours de la période critique de la dépression, je l'ai dit. Il y avait sans doute une sorte de jouissance masochiste à se laisser aller jusqu'au bout, à se laisser envahir par un désespoir suprême. Cependant, la dégradation de mes capacités à me contenir, loin de m'apporter un relâchement, voire un soulagement, contribuait à l'accentuation des mêmes sentiments négatifs, dont l'expression alimentait la perpétuation. Confrontée aux aléas de la réalité, ma sensibilité particulière engendrait des perturbations physiques et mentales qui avaient pour effet de la maintenir en alerte. Cette inclinaison nerveuse semblait accentuer la récurrence de souvenirs attachés au même état d'anxiété. Ce corps, qui n'excluait pas mon cerveau et où je peinais néanmoins à demeurer, m'entraînait dans un éprouvant manège. Il donnait prise à une pensé à peine pensée, l'amplifiait, la relayait. Cela n'était pas juste un "état d'esprit" : même s'il n'existait pas d'examen médical pour le détecter (ou, du moins, ne m'en avait-on pas prescrit), cela avait toute la prégnance d'un dysfonctionnement physique.
Pour défendre sa théorie de la nature corporelle des émotions et de leur apparition en amont de leur représentation mentale; James cite d'ailleurs certains cas "pathologiques" où la "machinerie nerveuse est si encline à une certaine direction émotionnelle" que la majorité des stimuli n'induisent plus que celle-ci. On imagine un automate qui, à toute sollicitation, répondrait par le même mouvement.
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