Céline Legendre

J'avais tout simplement fini par comprendre qu'on ne changeait pas quelqu'un. On pouvait lui proposer d'emprunter un nouveau chemin et s'il en avait envie, il changerait de lui-même, mais on perdait plus de temps à vouloir changer quelqu'un que de changer de personne.

J’aime me raconter des histoires, le monde que je préfère est imaginaire, je n’ai pas d’amis autres que Romain. Et ça ne me dérange pas, je déteste devoir faire la conversation à des gens que je ne connais pas, et faire semblant d’apprécier ces échanges. Moi, ce qui me plaît le plus, c’est m’enfermer dans ma bulle, parfois je me fais même peur toute seule.

"J'aurais pu fermer, oublier toutes ces portes
...
J'aurais pu donner tant d'amour et tant de force
Mais tout ce que je pouvais ça n'était pas encore assez
Pas assez, pas assez, pas assez"

Le matin était pour moi le pire moment de la journée. Je haïssais ce bip incessant qui m’arrachait à mes doux rêves.
Cet affreux son qui me faisait sursauter chaque matin, m’obligeant à taper sur le bouton de mon radio réveil, pour lui ordonner de remettre ça à plus tard, mais ce n’était jamais suffisant.
 

Je n’ai absolument rien contre les femmes qui managent. Au contraire, je pense que les femmes sont les mieux placées pour diriger et que si on leur laisse plus de responsabilités, le monde se porterait beaucoup mieux. Mais elle, en particulier, ne rendit pas le monde plus agréable.

"Puisque tu pars".
"Sache qu'ici reste de toi comme une emprunte
...
Parce qu'il es des douleurs qui ne pleurent qu'à l'intérieur
...
Dans ton exil, essaie d'apprendre à revenir. Mais pas trop tard..."

Tout mon corps s’interdit de se relâcher, je suis trop tendue, je me sens énervée. Mon corps a envie de bouger, je le sens. Et puis à quoi bon rester sous la couette si c’est pour tourner en rond dans mon lit ? Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est, mais si je regarde et que je vois cinq heures, ça va me faire stresser davantage. En revanche, si je vois minuit, là je pourrai plus facilement me lever pour me dégourdir un peu, faire quelques étirements, peut-être même un peu de relaxation, et me recoucher.

Eh  ! Je n’ai jamais dit qu’il me plaisait. Il m’intrigue, ce n’est pas pareil. Il est de bon conseil, d’accord. Il est aussi hyper sexy et très intelligent. Habituellement, les managers te poussent à produire encore plus, à aller plus loin, et lui, il est quasi absent, il me laisse gérer, même si j’ai besoin de lui pour savoir où je dois aller. En plus, je croule sous le boulot parce que tout est toujours prioritaire.

Ce projet serait décisif pour moi. Je devais me battre et tout faire pour l’avoir. Soit je gagnais, soit je perdais. Et si aucune banque ne m’avait accordé sa confiance, alors j’aurais claqué la porte à ce rêve qui me prenait toute mon énergie. Je sentais qu’un refus signifierait la fin, la fin de mon rêve parce que je sentais que cette force était à son point culminant et qu’un refus m’abîmerait de façon irréversible.

Ses paroles résonnent encore en moi, ses mots ont eu l’effet d’une bombe, ses mots ont marqué le début d’une chute brutale dans un puits sans fond.