La loi ordonnait le Bien, défendait le Mal, sans autre châtiment que la menace des maux qui, clans l'ordre naturel des choses, accompagnent la transgression, l'outrage à la raison.Dans la Thora, il n'est nullement question de Ciel et d'Enfer, aucun surnaturel ne s'y est glissé.
Cette loi avait pour but d'unir l'homme et la femme par un lien moral, elle était appelée « pacte d'alliance ».
C'est plus tard qu'on emploie le mot red-ligio, d'où religion, pour désigner cette alliance. De ce mot « pacte » on fera le moi grec diathékè que l'on a traduit par « Testament ».
Les grands Livres sacrés avaient jeté un tel éclat sur l'esprit féminin que cela avait fait naître un sentiment de jalousie terrible contre les grandes Déesses qui en étaient les auteurs.; Une caste sacerdotale va s'en emparer, les altérer, les masculiniser ou les détruire. C'est l'origine du mensonge religieux que nous allons voir se dérouler. Partout la femme va être cachée ou plagiée. Lui prendre ses idées, porter sa robe (d'où dé-rober), va être la principale occupation de ses envieux.
Il est des gens naïfs qui croient que l'histoire est le récit exact des faits du passé. Ils semblent ignorer que le monde est, depuis longtemps, régi par le mensonge et que le désordre de la société actuelle en est la conséquence.
Il est curieux d'étudier comment cet ordre de choses a commencé, quels ont été les mobiles des premières erreurs voulues, et quels hommes — les premiers — ont eu l'audace de les écrire. A toutes les époques, il y a eu des partis qui, voulant s'emparer d'un pouvoir auquel ils n'avaient pas droit, ont appuyé leurs prétentions sur une idée, un système, une théorie religieuse ou sociale, qu'ils ont propagée par violence, par fraude ou par ruse ; puis, lorsqu'ils triomphaient, ils avaient soin d'abord d'écrire l'histoire passée, la montrant comme une longue préparation de leur triomphe qu'ils justifiaient par une aspiration des foules existant depuis longtemps.
C'est pendant la période qui sépare le prélude de l'amour de sa satisfaction charnelle que l'amant a divinisé la Femme et, dans la vie actuelle, son atavisme lui rend le souvenir vague des impressions premières ressenties par ses ancêtres ; un regard, une parole douce ou tendre, une main qui touche la sienne, le silence de la nuit, sont empreints de mystérieuses saintetés qui pénètrent son âme sans qu'il en comprenne le secret. C'est que la Nature fut le cadre des premières amours, des premiers dévouements, des enthousiasmes de la jeunesse phylogénique, et tout cela se réveille chez le jeune homme quand le lieu, l'heure, le milieu, lui rendent les conditions physiques qui accompagnèrent ses impressions premières. C'est ce qui crée le mystère, et rien ne captive comme les choses mystérieuses.
Il existe actuellement deux courants dans l'opinion des intellectuels : l'un qui prétend que la civilisation est venue des Latins ; l'autre qui affirme qu'elle est venue des Celtes.
Les Latins appuient leur opinion sur le droit romain qui a instauré la puissance paternelle - et proclamé la déchéance de la Femme, et sur la littérature latine qui a sanctionné cet état de choses.
Les Celtiques appuient la leur sur le droit naturel, le règne de la raison représenté dans sa plus haute manifestation par la Femme, la Déesse-Mère, qui régnait dans les Républiques Celtiques.
Dons, le conflit représente la lutte de sexes, et la résume.
Dans Je premier âge, l'âge heureux de la jeunesse humaine, une civilisation grandiose régna; ce fut l'âge d'or, résultant partout de la première organisation sociale basée sur la Gynécocratie, la Théogonie, le Matriarcat. Ce fut l'époque celtique et préceltique.
Dans l'âge suivant se produisit la première révolte de l'homme contre le régime féminin.
Chez les Celtes, c'est l'âge du fer qui commence. L'homme dispute à la femme sa suprématie ; c'est la révolte des Gaulois (masculinistes), combattant les Celtes et leur disputant le pouvoir.
Vient ensuite l'âge de la décadence qui livre la Gaule à la puissance romaine.
Le désordre social a été engendré par l'erreur ancestrale devenue l'erreur religieuse.
La Religion, c'est la force morale qui gouverne les hommes même à leur insu, puisque c'est elle qui fait les moeurs et les moeurs sont au-dessus des lois. Elles font les lois.
Donc le régime religieux est au-dessus du régime politique, même lorsqu'une religion cesse d'exister comme puissance reconnue, si sa morale persiste et perpétue le mensonge social.
On ne change pas une nation en changeant sa politique. On la change en réformant ses moeurs, et pour réformer les moeurs il faut changer les idées.
On discutait beaucoup dans les Ecoles d'Alexandrie sur les trois hypostases divines (suppôts, personnes, en grec hupostaseis), qui avaient formé primitivement une Trinité féminine : Mère-Soeur-Fille. Partout trois grandes Déesses représentaient la Femme sous ces divers aspects.
Cette Trinité s'était modifiée depuis qu'on avait introduit des Dieux masculins dans le Panthéon; alors elle fut représentée par le Père, la Mère, l'Enfant ; telle la Triade égyptienne Osiris-Isis-Horus, greffée elle-même sur une plus ancienne Triade faite d'Ammon-Mauth-Khons.
Les principes de l'empire romain furent le despotisme de la puissance impériale, appuyé sur la force et sur le code romain qui donne à l'homme le droit de vie et de mort sur l'esclave, sur la femme et sur l'enfant.
Ce sont ces principes-là que l'impérialisme laïque ou religieux représente aujourd'hui ; c'est lui qui continue Rome, ce n'est pas la France républicaine qui est restée celtique au fond. Il ne lui manque plus que de rendre à la Femme la place que ses aïeux lui donnaient pour être revenue à la civilisation des anciens Celtes.
La famille chez les Celtes, c'est la Tribu matriarcale, gouvernée par une Mère, une Déesse-Mère, dont les descendants sont groupés sous son obédience.
La Déesse-Mère avait la domination sur les habitants de la Tribu et jouissait du droit honorifique de propriété. Toutes les terres non occupées dépendaient d'elle, elle les concédait aux nouvelles familles à mesure qu'elles se formaient et disposait également des domaines devenus vacants par l'extinction des
familles anciennes.