AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de VALENTYNE


Elle commença le cours de civilisation française à la Sorbonne. Pour s’imprégner des mots, pour découvrir leur essence, pour aller au-dedans des mots, elle décida d’abandonner le dictionnaire français-persan et de se référer uniquement au Petit Robert. Apprendre les mots français par le truchement de leur équivalent en persan les rendait encore plus artificiels et étrangers ; en outre, les mots persans étaient inconciliables avec ce nouveau monde, tant ils rappelaient à Roxane les souvenirs d’un pays où des dogmes barbares faisaient office de lois. Roxane avait six ans lorsque le régime islamique s’était imposé en Iran, et le persan pour elle traduisait les félonies qui avaient assombri l’histoire de ce pays. La langue persane, depuis des années, d’un côté, s’était réfugiée dans la poésie d’antan, aussi sublime qu’oubliée, mal traitée, mal aimée, et de l’autre côté, elle était condamnée à une décadence irrémédiable ; elle était pervertie par les mensonges de l’histoire, par des trahisons, des souffrances, des humiliations et des afflictions.Cette langue ne rappelait que trop à Roxane les souvenirs d’un monde où chaque mot était sali, trahi par les mollahs, un monde qu’elle avait fui, un monde abhorré. La faute n’en était pas au persan mais aux iraniens. Une langue n’existe que dans un lieu, dans un pays, dans le coeur et la bouche des gens qui la parlent, elle raconte l’histoire d’u peuple, traduit le monde où elle vit, dit la vie, la vie des gens. (page 113)
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}