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Citations de Chahdortt Djavann (698)


Chahdortt Djavann
Beaucoup de gens disent écrire par amour de la littérature. Pour l'amour de la littérature, moi je lis. L'écriture pour moi est l'ultime fuite.
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Je prends mon pied avec vos pères, vos frères, et vos maris. Ca vous choque ? Eh bien, c'est votre problème, bande d'hypocrites ! je ne vends pas mon corps. Je couche en échange d'argent. C'est un métier honnête et les gens en ont pour le fric. (...)
C'est drôle que, dans ce monde de putes où la corruption, le crime et la prostitution de tout genre gangrènent les sociétés, on s'en prenne à nous, ça en dit long sur la régression de notre époque. Ce n'est pas pour rien que , dès que les extrémistes islamistes s'emparent du pouvoir, ils s'en prennent tout de suite au plaisir en général, et au plaisir sexuel en particulier. Comme les mollahs ici ou les Frères Musulmans en Egypte...
Ils ne supportent pas l'idée que leur mère ait écarté les jambes pour les fabriquer.
Remarquez, elles auraient mieux fait de s'abstenir. (p. 79-80)
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Chahdortt Djavann
Quand j'écris, je ne suis plus moi. Je suis juste quelqu'un qui porte en lui quelque chose qui doit être raconté.
Bibliobs.
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Une fille n'est rien. Le garçon est tout. Une fille n'a aucun droit, le garçon a tous les droits. Une fille doit rester à l'intérieur, à sa place, elle ne peut circuler à l'air libre. Nul ne peut ignorer que, dans les pays musulmans, les hommes, seulement les hommes, sont agglutinés sur les places publiques.
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C'est peut-être insensé de dire ça, mais en français, je veux dire dans la langue elle-même, j'ai trouvé un refuge...
- Oui
- ... Chaque mot que j'ai arraché au dictionnaire m'a arrachée à son tour aux blessures que j'avais vécues en persan. (p. 198)
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Vous voulez connaître une société ? faites parler ses prostituées ! Vous découvrez tout sur les gens, sur leur culture, leurs coutumes, leurs préjugés, leurs croyances, sur les violences sociales, sur le commerce, la politique et même sur le système judiciaire...Parmi les clients des putes, il y a des hommes de tout rang et de out milieu. (...) Et puis la plupart parlent librement à une pute, surtout ici, parce que nous sommes considérées comme des déchets de la société et que notre vie comme notre témoignage ou notre parole n'a aucune valeur. (p. 151)
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Plus les milliardaires gagnent, plus les pauvres perdent. Plus on licencie, plus les patrons s'enrichissent. Il y a à peine vingt ans, on ne parlait qu'en millions; personne n'était milliardaire. Plus les riches ajoutent de zéros à leurs comptes en banque, plus les pauvres s'enfoncent en dessous de zéro... Je vais te dire, la crise financière c'est une nouvelle invention des banquiers et des financiers pour accroitre leur fortune ...
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J'ai envie d'arracher de ma tête ce voile qui affiche une sexualité coupable. J'avais presque oublié cette sensation. J'essaie de penser à autre chose: à ma famille que je vais bientôt retrouver. Mais une sorte d'étouffement retient chaque battement de mon cœur. Mon corps se transforme malgré moi. Comme s'il devenait cet objet malsain condamné à l'enfermement, ce mauvais objet que les hommes convoitent. (Autrement, 2002, p. 70-71)
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Dans sa chambre, elle note dans son cahier:

Quand j'étais petite
je jouais avec les étoiles
dans une cour abandonnée.
Je leur confiais mes rêves
mes histoires
mes pleurs et mes peurs.
Quand j'étais petite
le ciel était si bleu
si beau et si proche
que je pouvais murmurer à l'oreille des étoiles.
Elles m'écoutaient toutes
en silence.
Quand j'étais petite
le ciel
les étoiles
m'aimaient beaucoup. (p. 214)
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En fait, je n'ai jamais vraiment eu de langue maternelle.
- Oui ?!
- Une grande partie de moi n'a jamais trouvé sa place en persan.
- Vous vous souvenez, je vous avais raconté qu'au moment de la dictée, à huit ans, d'un coup, j'avais oublié l'alphabet... C'est que j'étais tombée de l'autre côté de la langue, de l'autre côté du langage. Je sais que ça ne fait pas sens., parce que personne ne sait où est l'autre côté du langage et que, précisément, c'est le néant; et voilà, je suis tombée dans quelque chose qui n'existe pas, dans le néant. (p. 189)
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Il y a sept ans, je ne savais ni lire, ni écrire, ni parler. Pas un mot. C'était une nuit d'hiver, j'arrivais à Paris.
Je me promenai sur les quais de la Seine et sentis ma passion de l'écriture, ma passion d'enfance ressusciter. (..)

Cette langue a accueilli mon histoire, mon passé, mon enfance, mes souvenirs et mes blessures. Cette langue m'a accueillie. Elle m'a adoptée. je l'ai adoptée. Mais, quels que soient nos efforts mutuels, les vingt-quatre ans que j'ai vécus sans elle laisseront à jamais une lacune en moi. Une lacune qui n'est pas un vide. Une lacune remplie de langue persane. Et c'est pour cela qu'il y aura toujours du persan dans mon français.
On me demande souvent d'où je viens. Cette question, je me la suis posée à mon tour, et ce livre est ma réponse. Je viens d'où je parle. Je viens d'où je regarde. Je viens d'ailleurs. (Autrement, 2002, p. 6-7)
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Ce qu'on dérobe aux regards ne fait qu'attiser les regards.
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Depuis la découverte des corps de femmes en tchador, aucune disparition correspondant aux victimes n'avait été signalée à police. Comme si ces femmes assassinées n'avaient ni mère, ni père, ni frères, ni sœurs, ni mari, ni famille, ni amis, ni enfants...C'étaient des parias dont nul ne s'était inquiété ou que nul n'avait osé rechercher auprès de la police. (p.33)
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La pauvreté écrase les hommes et les femmes, les rend misérables, méchants et laids : trop de misère fait que les gens ne sont même plus capables de rêver.
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Les femmes musulmanes qui ont pu s’en sortir grâce aux lois et à l’éducation républicaines et laïques de la France et qui aujourd’hui revendiquent le voile pensent-elles jamais à ces autres femmes, ensevelies sous le voile, qui dans leur pays n’ont aucun droit ? Je me demande si elles mesurent la situation de ces femmes privées de l’éducation la plus élémentaire, qui n’ont, pour les plus pauvres d’entre elles, pas même un acte de naissance, ces femmes écrasées, ces femmes très nombreuses des régions les plus désertiques et les plus isolées des pays musulmans. Peut-être un séjour dans un pays comme l’Afghanistan ferait-il le plus grand bien à celles qui se prétendent « libérées par le voile » ? Peut-être pourraient-elles faire partager leur « liberté » aux femmes afghanes ?
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Il existe des moments dans une vie qui s'éternisent, gravent la mémoire à jamais, emplissent les yeux où qu'ils se portent, écrasent le réel de leur présence et constituent le temps impérissable, architectural, qui bâtit la charpente d'un être humain. Des moments dans une vie qui nous font devenir, malgré nous, ce que nous serons une fois adultes. Des moments qui nous créent à notre insu. (Livre de poche, 2015, p.28)
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Je me suis construite dans le rejet, dans le refus, dans le déni, dans la révolte. Rien ne me réussit mieux que l'échec.
Dans la difficulté, je suis forte.
(...)je suis forgée par mes pertes et mes manques. (p. 169)
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Vous voulez connaître une société? Faites parler ses prostituées! Parmi leurs clients, il y a des hommes de tout rang et de tout milieu.
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La construction de l’identité féminine et de l’identité masculine dans l’islam repose sur Hojb et Hayâ de la femme et Nâmous et Qeyrat de l’homme. Ces mots chargés de sens véhiculent des poids traditionnels lourds, des qualificatifs qui sont propres à chaque sexe et qui ont été transmis de génération en génération à travers les siècles. Ils n’ont pas d’équivalent exact dans la langue française, mais leur traduction approximative serait la pudeur et la honte de la femme et l’honneur et le zèle de l’homme. Nâmous est l’honneur sexuel de l’homme. Impur, sacré, il est tabou. C’est un tabou refoulé au fin fond de l’homme musulman. Propre à chaque musulman, Nâmous doit rester à l’abri du regard des autres hommes, des regards illicites.

Nâmous de l’homme doit être protégé, dissimulé. Il symbolise le dedans et ne peut être dehors. Il a pour garant la mère, la sœur, la femme, la fille, le corps féminin. Le voile est un abri pour Nâmous, pour l’honneur de l’homme musulman, et il crée chez ce dernier une dépendance psychique; car l’essence de l’identité de l’homme musulman s’enracine sous le voile féminin.

Qeyrat, le zèle, symbolise la virilité et la capacité de l’homme musulman à préserver son Nâmous, son honneur sexuel qui a comme objet le corps féminin. Le corps de la femme, garant de l’honneur sexuel de l’homme, ce tabou non avoué, ne peut être dehors, libre, sous les regards illicites des autres hommes. C’est l’identité de l’homme musulman, l’honneur d’être un homme, qui en dépend. La femme non voilée peut ébranler l’édifice de l’identité masculine dans l’islam. La littérature et le cinéma subversifs nous ont montré parfois ces hommes musulmans perdus à jamais car la fille, la femme, la sœur ou la mère a transgressé les dogmes de la pudeur.

Hojb et Hayâ de la femme, la pudeur et la honte de la femme, sont les garants et l’expression de l’honneur et du zèle de l’homme musulman. Plus une femme est honteuse et pudique, plus son père, ses frères, son mari ont de l’honneur et du zèle. Autrement dit, la construction de l’identité masculine chez les musulmans est tributaire de la pudeur et de la honte de la femme. L’honneur et le zèle de l’homme musulman, sans lesquels il n’est rien, sont à la merci du voile de la femme. Tout contact, toute tentative de rapprochement entre les deux sexes déshonore l’homme musulman. Ce n’est pas la relation sexuelle qui est un tabou; l’autre sexe, le corps féminin, est en soi un tabou.
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Je viens d'un pays [l'Iran] où le régime piétine tous les droits, je viens d'un pays où j'aurais pu être exécutée à l'âge de treize ans, d'un pays où on tire à balles réelles sur les manifestants pacifistes; je viens d'un pays où les dirigeants refusent de donner le nombre de morts, de blessés et des personnes arrêtées [lors des manifestations de novembre 2019]. Reuters a annoncé mille cinq cents morts. Reuters se trompe: le nombre de morts est beaucoup plus important. Le régime n'aurait pas coupé Internet durant dix jours pour tuer seulement mille cinq cents personnes à travers cent cinquante villes. [...] Je hais de toutes mes forces l'Etat islamique. Je ne parle pas de Daech, je parle d'un vrai Etat islamique. Celui des ayatollahs. Le mot Etatt n'est pertinent que s'il gouverne un pays. Je parle de l'Etat islamique qui fait peur aux Européens au point qu'ils sont restés silencieux. [...] Je me sens coupable de vivre tranquillement en France qui a accueilli Khomeiny - l'homme qui changea la face du monde. Je me sens complice lorsque la France, l'Europe se mettent à table avec les dirigeants criminels de l'Iran. Le silence assourdissant du gouvernement français me fait mal. Le pays des Droits de l'homme ne dit mot.
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