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Citation de dourvach


Je m'assieds sur le banc du milieu, j'empoigne les rames ; je tire dessus de tout mon poids, me renversant ; et eux alors, là-bas, n'est-ce pas ? Ils m'attendent et je me dis bien qu'ils me voient venir.
La terre m'a quitté, avec tout ce qui est petit ; je laisse derrière moi ce qui change pour ce qui ne change pas. Que je me tourne seulement un peu et la rive disparaît tout entière ; il ne reste plus que le ciel et l'eau. Encore est-ce la même chose à cause de l'image des nuages renversée qui se balance autour de moi, et ce bleu, aussi renversé, par quoi elle a une couleur.
Il n'y a plus de différence en rien ; tout se confond, tout se mêle ; est-ce au-dedans de moi ou au-dessous que je regarde ? Mais ils sont là et je les vois. Je ne suis plus jaloux ; eux, ils n'ont plus peur. Au lieu de reculer, ils se soulèvent sur le coude ; moi, je me penche encore un peu.

[C.F. RAMUZ, "Vie de Samuel Belet", 1913, IIIème partie, chapitre III - page 834 de la réédition La Pléiade "C.F. RAMUZ : ROMANS", Tome I, 2005]
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