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Citation de Williamine


Cependant tout à coup il se dit : « Et moi ? - Moi, se dit-il, je suis ruiné ; je suis brouillé avec mon frère ; ma femme m'a trompé avec un autre ; et à présent elle est partie. » Il regarda devant lui. Il vit qu'il était triste, fatigué, brisé ; il vit qu'il n'avait plus rien à espérer nulle part ; il vit qu'il avait eu tout le bonheur qu'on peut avoir, et c'était bien peu de chose, mais que ce serait tout, parce qu'il est donné aux hommes en quantité variable ; et qu'ensuite les uns en jouissent plus tôt et les autres plus tard, mais que jamais personne ne va au-delà de sa part. Et qu'ainsi il allait vivre de nouveau, parce qu'il le fallait, non par goût, ni avec désir ou courage, et que vivre ainsi n'est pas vivre. On va longtemps dans une vallée, et marcher est peut-être dur ; toutefois il y a des pentes couvertes d'arbres, de la mousse, des sources fraîches, on peut se dire : « Ce sera plus beau de l'autre côté. » De sorte qu'il reste quand même un peu de joie au fond du cœur, laquelle excite à avancer. Mais on se trouve tout à coup devant une plaine de sel, et on sait qu'aussi loin qu'on pourra aller ce sera toujours cette même plaine, cette même stérilité ; qu'est-ce qui nous reste ? plus rien. 
Page 287, IIème partie, chapitre IX - Éditions de la Pléiade, tome 1.
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