LE FRUIT DÉFENDU
(Fragment)
Je ne demande qu'un jardin, j'aime les choses
Je hais les sentiments, les êtres, les amours
Un jardin hors du temps comme un corps sans visage
Un visage de lune, un visage de fleur
Un visage sur l'eau tremblant son apparence
Celle qui sourirait comme on voit aux fontaines
L'été, le bronze, l'eau, l'art le temps la patine
Et qui se donnerait comme un long jour de juin
Qui se ferait osier sous les mains du vannier
Qui se ferait forêt sous l'avion nonchalant
Qui se ferait roseau dans l'étang du regret
Qui saurait sans aller comme mincit la lune
L'amour c'est un secret qu'en secret le jet d'eau
Laisse tomber de soi dans la nuit de velours
J'ai promené vivant dans des décors de plâtre
Où la lune des morts peint des ombres de fer….
Qu'était-ce, la vie? Une longue descente, avec d'étroits paliers; une suite de baraquements, de déménagements, de déracinements. A chaque fois qu'obstiné dans la voie du bonheur on recréait un petit foyer à la halte, un abri, voilà qu'il fallait repartir, et jamais pour trouver mieux...
Il n'est de pire douleur que de se souvenir des jours heureux dans le malheur...