Nous savons tous que le chômage ne sera jamais supprimé. La boîte va mal ? On licencie. La boîte va bien ? On investit dans l’automatisation, et on licencie. Jadis il fallait des travailleurs parce qu’il y avait du travail, aujourd’hui, il faut du travail parce qu’il y a des travailleurs, et nul ne sait qu’en faire, parce que les machines travaillent plus vite, mieux et pour moins cher.
Lorsque l’éthique du travail s’est perdue, la peur du chômage reste le meilleurs fouet pour augmenter la servilité.
Être solidaire avec ses copains, ça veut dire ne pas les laisser tomber, leur venir en aide et partager avec eux, dit Jojo.
Un pour tous et tous pour uns !
Tous les chômeurs disposent en tout cas d'une chose inestimable : du temps. Voilà qui pourrait constituer une chance historique, la possibilité de mener une vie pleine de sens, de joie et de raison. On peut définir notre but comme une reconquête du temps. Nous sommes donc tout sauf inactifs, alors que la soi-disant « population active » ne peut qu'obéir passivement au destin et aux ordres de ses supérieurs hiérarchiques. Et c'est bien parce que nous sommes actifs que n'avons pas le temps de travailler.
(Dans la postface)
Une critique de l'argent tant que le travail est une des seules façons d'en acquérir. Une critique de la valeur puisque celle-ci reste déterminée par l'utilisation du travail. Une critique du temps parce que le temps libre n'existe qu'en regard du temps de travail. Une critique de l'espace puisque l'internationalisme d'antan est balayé par la mise en concurrence des travailleurs par les délocalisations.
Mais qui aujourd'hui voudrait vivre comme un cadre sup stressé, qui aurait envie de se bourrer le crâne de ses rangées de chiffres sans esprit, de baisser ses secrétaires blondasses, de boire son bordeaux falsifié, de crever de son infarctus ?
(Dans la postface)
La création d'emplois n'est-elle pas l'argument massue pour soutenir n'importe quel projet néfaste, de la construction d'un aéroport à la "réduction du coût de travail".
(Dans la postface)
Il ne s'agit donc pas d'émanciper le travail, comme le marxisme et les discours de gauche l'ont trop souvent proclamé, mais de s'émanciper du travail.
Qui vit complètement isolé, en état d'apesanteur sociale, n'aura jamais assez de fric pour combler sa misère existentielle.
(Dans la postface):
La théorie elle-même est pratique, tant qu'elle s'efforce de ramer à contre-courant.