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Citation de Nastasia-B


Ezeudu était l'homme le plus âgé de ce quartier d'Umuofia. Il avait été un remarquable et courageux guerrier en son temps et jouissait d'un grand respect de la part du clan tout entier. Déclinant l'invitation d'Okonkwo à partager leur repas, il demanda à celui-ci de sortir avec lui pour parler un peu. Ils firent quelques pas ensemble, le vieux appuyé sur son bâton. Quand ils furent hors de portée de voix, il dit à Okonkwo :
— Ce garçon t'appelle " père ". Ne prête pas la main à sa mort.
Okonkwo, surpris, voulut dire quelque chose mais le vieux ne lui en laissa pas le temps.
— Oui, Umuofia a décidé de le tuer. L'oracle des Collines et des Grottes en a décidé ainsi. On l'emmènera hors du village comme c'est la coutume, et on le tuera. Mais je ne veux pas que tu y sois pour quoi que ce soit. Il te considère comme son père.
Le lendemain, un groupe d'anciens des neufs villages d'Umuofia vint de bonne heure à la maison d'Okonkwo et avant qu'ils se mettent à discuter à voix basse on fit sortir Nwoye et Ikemefuna. Ils ne s'attardèrent pas, mais après leur départ Okonkwo resta très longtemps immobile, le menton appuyé sur ses mains. Plus tard dans la journée, il appela Ikemefuna et lui dit qu'on allait le ramener chez lui le lendemain. Nwoye l'entendit et éclata en pleurs, et son père le battit durement. Quant à Ikemefuna, il était complètement perdu. Le souvenir de son propre foyer était désormais vague et lointain. Sa mère lui manquait, sa sœur aussi, et il aurait été très content de les revoir. Il se souvenait du jour où des inconnus étaient venus chez lui pour discuter à voix basse avec son père, et il lui semblait que tout recommençait.
Un peu plus tard, Nwoye alla trouver sa mère dans sa case et lui dit qu'Ikemefuna retournait chez lui. Celle-ci laissa tomber le pilon avec lequel elle broyait du piment, croisa les bras sur sa poitrine et soupira : « Pauvre enfant ».
Le lendemain, les hommes revinrent avec un pot de vin de palme. Ils étaient tous vêtu comme pour se rendre à une grande réunion de clan ou pour une visite à un village voisin. Ils firent passer leurs vêtements sous leur aisselle droite et jetèrent leur sac en peau de chèvre et leur machette dans son étui par-dessus leur épaule gauche. Okonkwo fut rapidement prêt et le groupe se mit en route avec Ikemefuna, qui portait le pot de vin de palme. Un silence de mort s'abattit sur le domaine d'Okonkwo. Les petits enfants eux-mêmes avaient l'air au courant. Nwoye resta toute la journée dans la case de sa mère, les yeux pleins de larmes.

Première partie, Chapitre VII.
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