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Citations de Chinua Achebe (142)


The white man is very clever. He came quietly with his religion. We were amused at his foolishness and allowed him to stay. Now he has won our brothers, and our clan can no longer act like one. He has put a knife on the things that held us together and we have fallen apart.
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-Crois-tu couper des ignames pour les cuire? demandait-il à Nwoye. Si tu partages une autre igname de cette taille, je te briserai la mâchoire. Tu imagines que tu es encore un enfant. J'avais ton âge quand j'ai possédé ma première ferme. Et toi, disait-il à Ikemefuna, ne cultivez-vous pas d'ignames là d'où tu viens?
Au fond de lui-même, Okonwko savait que les garçons étaient encore trop jeunes pour comprendre pleinement l'art difficile de préparer des plants d'ignames. Mais il pensait qu'on ne peut jamais commencer trop tôt. Les ignames étaient le signe de la virilité, et celui qui pouvait faire vivre sa famille sur des ignames d'une récolte à une autre était un très grand homme de vérité. Okonkwo désirait que son fils soit un grand fermier et un grand homme. Il étoufferait les signes inquiétants de paresse qu'il pensait déjà décelé en lui.
- Je ne veux de fils qui ne puisse assister la tête haute au rassemblement du clan. Je préférerais l'étrangler de mes propres mains. Et si tu restes à me regarder fixement comme cela, jura-t-il, Amadiora te brisera la tête pour ta peine!
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Ce livre raconte en trois parties l'histoire d'Okonkwo, un homme ambitieux et dur. Durant toute sa vie Okonkwo travaille à devenir un grand homme dans son clan. Mais il tue accidentellement un jeune homme et doit s'exiler pendant sept ans. Quand il revient d'exil, les Blancs ont pris le pouvoir dans son village.

J'ai beaucoup aimé ce livre et je le trouve très bien écrit. L'auteur prend vraiment le temps de décrire les coutumes et le fonctionnement du clan et cela souligne le clash entre le Blanc colonisateur et les membres du clan.
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— Ça va ? demanda Okonkwo.
— Oui, répondit Obierika. Le prétendant de ma fille doit venir aujourd'hui et je pense que nous allons nous mettre d'accord sur le montant de la dot. Je veux que tu sois là.
[…]
Le prétendant était un garçon d'environ vingt-cinq ans, accompagné de son père et de son oncle. Obierika avait à son côté ses deux frères aînés et Maduka, son fils âgé de seize ans.
— Demande à la mère d'Akueke de nous envoyer quelques noix de cola, dit Obierika à son fils.
[…]
Pendant qu'il parlait le garçon revint, accompagné d'Akueke, sa demi-sœur, qui apportait sur un plateau en bois trois noix de cola et du piment crocodile. Elle donna le plateau au frère aîné de son père avant de serrer, très timidement, la main de son prétendant et celle des parents de celui-ci. Elle avait environ seize ans et était belle et mûre à point pour le mariage. Son prétendant et ses parents examinèrent son jeune corps d'œil expert comme pour s'en assurer.
Sa coiffure formait une crête bien centrée sur son crâne. Elle avait la peau légèrement frottée au bois de cam et tout son corps s'ornait de motifs dessinés à l'uli. Un collier noir à trois rangs tombait juste au-dessus de ses seins à la rondeur appétissante. Elle portait aux bras des bracelets rouges et jaunes, et autour de la taille quatre ou cinq rangs de jigida, les ceintures de perles.
Après avoir serré les mains, ou plutôt tendu la sienne à serrer, elle repartit dans la case de sa mère pour l'aider à faire la cuisine.
[…]
Les hommes, dans l'obi, avaient commencé à boire le vin de palme apporté par le prétendant d'Akueke. C'était un vin excellent, et fort, car malgré le fruit du palmier fixé à l'embouchure du pot contenant la liqueur, une mousse blanche débordait et se répandait tout autour de l'embouchure.
[…]
Tout en buvant, les hommes se mirent à parler de tout sauf de ce qui les rassemblait. C'est seulement quand ils eurent vidé le pot que le père du prétendant s'éclaircit la voix et annonça le motif de leur visite.
Obierika lui tendit un petit fagot de courtes baguettes. Ukegbu les compta.
— Il y a en a bien trente ? demanda-t-il.
Obierika acquiesça d'un hochement de tête.
— Enfin les choses se précisent, dit Ukegbu.
Puis, se tournant vers son frère et son fils, il ajouta :
— Sortons pour en discuter entre nous.
Tous trois se levèrent et sortirent. Quand ils revinrent, Ukegbu tendit le fagot de baguettes à Obierika. Celui-ci compta. Il n'y en avait plus trente, mais quinze. Il passa le fagot à Machi, son frère aîné, qui compta à son tour et dit :
— Nous ne pensions pas descendre au-dessous de trente. Mais comme disait le chien : « Si je descends pour toi et que tu descends pour moi, c'est le jeu. » Le mariage doit être un jeu, pas un combat. Donc, nous descendons.
Ajoutant dix baguettes aux quinze restantes, il rendit le tout à Ukegbu.
C'est ainsi que la dot d'Akueke fut finalement fixée à vingt sacs de cauris. Le jour tombait quand les deux parties parvinrent à cet accord.

Première partie, Chapitre VIII.
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J'ai peur pour vous, jeunes gens, parce que vous ne comprenez pas la force des liens familiaux. Vous ne savez pas ce que c'est de parler d'une seule voix. Et le résultat ? Une abominable religion s'est installée parmi vous. Un homme peut désormais quitter son père et ses frères. Il peut insulter les dieux de ses pères et de es ancêtres comme un chien de chasse qui devient fou et se retourne contre son maître. J'ai peur pour vous, j'ai peur pour le clan.

Deuxième partie, Chapitre XIX.
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Il était une fois […] un grand festin au ciel et tous les oiseaux étaient invités. Ils étaient très contents et beaucoup commencèrent à se préparer pour ce grand jour. Ils se peignirent le corps avec du bois de cam rouge et le décorèrent de magnifiques dessins avec l'uli.
Monsieur Tortue assista à ces préparatifs et ne tarda pas à comprendre ce qu'ils signifiaient. Rien de ce qui se passait dans le monde des oiseaux ne lui échappait : il était plein de ruse. Et dès qu'il entendit parler du grand festin au ciel, sa gorge se mit à le démanger rien que d'y penser. La famine sévissait à cette époque et Tortue n'avait pas mangé depuis deux lunes un repas digne de ce nom. Son corps faisait un bruit de bois sec dans sa coquille vide. Alors il se mit à réfléchir à un moyen d'aller au ciel.
[…]
Tortue n'avait pas d'ailes, mais il alla trouver les oiseaux pour leur demander la permission de les accompagner. « On te connaît trop bien, répondirent-ils après l'avoir écouté. Tu es plein de ruse et tu es ingrat. Si nous te laissons venir avec nous, tu ne tarderas pas à faire des histoires. — Vous me connaissez mal, dit Tortue. J'ai changé et je ne suis plus le même. J'ai compris que celui qui embêtait les autres s'embêtait lui-même. »
Tortue savait se faire tout sucre et tout miel. Les oiseaux furent convaincus en un rien de temps qu'il n'était plus le même et chacun lui donna une plume pour qu'il se fasse deux ailes.
Le grand jour étant enfin arrivé, Tortue fut le premier au lieu de rendez-vous fixé pour le départ. Quand les oiseaux furent au complet, ils s'envolèrent tous ensemble. Tortue était très content et bavardait à tort et à travers tout en volant parmi eux, et ils ne tardèrent pas à le choisir pour parler en leur nom car il avait un grand talent d'orateur.
« Il y a une chose importante que nous ne devons pas oublier, leur dit-il tout en battant des ailes. Quand on est invité à un grand festin comme celui-ci, on prend des noms pour l'occasion. Nos hôtes du ciel vont s'attendre à ce que nous fassions honneur à cette ancienne coutume. »
Aucun oiseau n'avait jamais entendu parler de la coutume en question, mais ils savaient que Tortue, malgré ses lacunes dans d'autres domaines, était quelqu'un qui avait beaucoup voyagé et qui connaissait les usages des différents peuples. Chacun prit donc un nouveau nom. Et Tortue fit de même. Il s'appellerait " Vous-Tous ".
Ils arrivèrent enfin au ciel et leurs hôtes les accueillirent avec joie. Tortue se présenta dans son plumage multicolore et les remercia pour leur invitation. Son discours était si éloquent que tous les oiseaux se félicitaient de l'avoir amené avec eux et hochaient la tête en l'écoutant. Leurs hôtes le prirent pour le roi des oiseaux, en particulier parce qu'il était si différent des autres.
Après qu'on eut offert et dégusté des noix de cola, les gens du ciel posèrent devant leurs invités les mets les plus fins et les plus délicieux dont Tortue ait jamais rêvé. La soupe était servie fumante et dans la marmite où elle avait cuit. Elle était pleine de viande et de poisson. Tortue se mit à la humer à grand bruit. Il y avait de l'igname pilée et aussi du potage d'igname cuit avec de l'huile de palme et du poisson frais. Et des pots de vin de palme. Quand tout fut disposé devant les invités, l'un de leurs hôtes du ciel s'avança pour goûter un peu de chaque mets. Puis il invita les oiseaux à manger. Mais Tortue bondit sur ses pattes et demanda :
« Pour qui avez-vous préparé ce festin ? — Pour vous tous », répondit l'hôte.
Se tournant vers les oiseaux, Tortue dit : « Vous vous souvenez, n'est-ce pas, que mon nom est Vous-Tous. La coutume ici veut qu'on serve d'abord le porte-parole et les autres après. On vous servira quand j'aurai mangé. »
Et Tortue de se mettre à manger et les oiseaux à grommeler. Les gens du ciel se disaient que c'était certainement la coutume, chez le peuple des oiseaux, de laisser toute la nourriture à son roi. Et Tortue mangea ainsi la meilleure part de chaque chose puis but deux pots de vin de palme, si bien qu'à la fin il était bourré de nourriture et de boisson et sa carapace pleine à craquer.
Les oiseaux firent cercle pour manger ce qui restait et picorer les os qu'il avait jetés par terre autour de lui. Certains étaient trop furieux pour manger. Ils choisirent de rentrer chez eux le ventre vide. Mais avant de se séparer, chacun reprit à Tortue la plume qu'il lui avait prêtée. C'est ainsi qu'il se retrouva dans sa carapace bourrée de nourriture et de vin, sans ailes pour redescendre chez lui. Il demanda alors aux oiseaux de porter un message à son épouse, mais tous refusèrent. Jusqu'à ce que Perroquet, qui s'était montré le plus furieux contre lui, change soudain d'avis et accepte de lui rendre ce service.
« Dis à ma femme, lui demanda Tortue, de sortir de la maison tout ce qu'il y a de mou et d'en couvrir la cour, afin que je puisse sauter du haut du ciel sans trop de risques. »
Perroquet promit de transmettre le message et partit à tire d'ailes. Mais une fois chez Tortue, il dit à sa femme de sortir tout ce qu'il y avait de dur dans la maison. Elle sortit donc les pioches de son mari, ses machettes, ses lances, ses fusils et même son canon. En regardant du haut du ciel, Tortue aperçut sa femme qui sortait un tas de choses de leur maison, mais de si loin il ne distingua pas lesquelles. Quand tout lui parut prêt, il s'élança. Il tomba et tomba et tomba, au point de se demander si ça n'allait pas durer toujours. Puis il s'écrasa au sol et son canon n'aurait pas tonné plus fort que le bruit de sa chute.
[…]
Sa carapace s'est cassée en mille morceaux. Mais il y avait un homme-médecine dans le voisinage. La femme de Tortue l'a fait venir, il a ramassé tous les morceaux de carapace et il les a recollés. C'est pour cette raison que la carapace de Tortue n'est pas lisse.

Première partie, Chapitre XI.
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C'est un plaisir de voir de nos jours, alors que la jeune génération se croit plus sage que les anciens, un homme qui fait les choses dans la grande tradition. Celui qui invite ses parents à un festin ne le fait pas pour leur éviter de mourir de faim. Ils ont tous à manger chez eux. Quand nous nous réunissons sur la place du village éclairée par la lune, ce n'est pas pour la lune. Chacun peut la voir de chez lui. Nous nous réunissons parce qu'il est bon pour des parents de le faire. Vous me demanderez peut-être pourquoi je dis tout ça. Je vous répondrai que c'est parce que j'ai peur pour la jeune génération, c'est pour vous autres.

Deuxième partie, Chapitre XIX.
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Soudain, une ombre s'abattit sur le monde et le soleil parut disparaître derrière un épais nuage. Okonkwo leva les yeux, surpris : de la pluie à cette époque de l'année ? Mais partout, déjà, éclataient des cris de joie. Umuofia, sortant de son assoupissement de milieu de journée, reprenait soudain vie et activité.
« Les sauterelles arrivent ! » répétait-on joyeusement de tous côtés, et les hommes, les femmes, les enfants abandonnaient leurs travaux ou leurs jeux pour courir vers les champs et profiter de ce spectacle exceptionnel. Les sauterelles ne s'étaient pas montrées depuis de nombreuses années, et seuls les vieux les avaient déjà vues.
On vit d'abord arriver un essaim plutôt modeste : l'avant-garde chargée de reconnaître les lieux. Puis apparut à l'horizon une masse sombre et lente comme un rideau de nuages noirs dont on n'apercevait pas les contours et qui avançait vers Umuofia. La moitié du ciel fut bientôt recouverte et la masse solide fut transpercée de minuscules yeux de lumière, comme une poussière d'étoiles. C'était un spectacle extraordinaire de puissance et de beauté.
Tout le monde était là, parlant avec excitation et priant pour que les sauterelles campent à Umuofia pour la nuit. Car même si les sauterelles n'étaient pas venues depuis bien des années, tous savaient d'instinct qu'elles étaient bonnes à manger. Et elles se posèrent enfin. Elles se posèrent sur chaque arbre et sur chaque pousse d'herbe ; elles se posèrent sur les toits et sur la terre nue qu'elles recouvrirent. D'énormes branches se brisèrent sous leur poids et le paysage prit la couleur brune de leur immense essaim affamé.
Beaucoup de gens sortaient avec des paniers et tentaient de les attraper, mais les anciens leurs conseillèrent de prendre patience jusqu'à la tombée du jour. Ils avaient raison. Les sauterelles s'installèrent dans les buissons pour la nuit et leurs ailes furent bientôt humides de rosée. Tout Umuofia sortit malgré le froid de l'Harmattan et chacun emplit ses sacs et ses pots de sauterelles. Au matin, on les fit griller dans des pots d'argile avant de les étaler au soleil pour qu'elles deviennent sèches et croustillantes. Et on se régala pendant des jours et des jours de ce mets rare qu'on accommodait avec de l'huile de palme solidifiée.

Première partie, Chapitre VII.
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Ekwefi avait beaucoup souffert au cours de son existence. Elle avait mis dix enfants au monde et neuf étaient morts en bas âge, la plupart avant d’atteindre trois ans. A mesure qu’elle enterrait un enfant après l’autre, le chagrin avait tourné au désespoir puis à une sombre résignation. La naissance de ses enfants, qui aurait dû être le couronnement de sa gloire de femme, était devenue pour elle une torture physique vide de promesse, et la cérémonie du baptême, après sept semaines de marchés, un rituel dénué de sens.

p. 89
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— Dites-leur de s'en aller, dit M. Smith à son interprète. Ceci est la maison de Dieu et tant que je vivrai je ne la verrai pas profanée !
Mais Okeke traduisit sagement à l'intention des chefs d'Umoufia :
— L'homme blanc dit qu'il se réjouit que vous soyez venus à lui en amis avec vos plaintes. Et il sera heureux si vous laissez l'affaire entre ses mains.
— On ne peut pas laisser l'affaire entre ses mains parce qu'il ne comprend pas nos coutumes, tout comme nous ne comprenons pas les siennes. Nous le trouvons stupide parce qu'il ne connaît pas notre façon de vivre, et il nous trouve peut-être stupides parce que nous ne connaissons pas la sienne. Qu'il s'en aille.

Troisième partie, Chapitre XXII.
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Ezeudu était l'homme le plus âgé de ce quartier d'Umuofia. Il avait été un remarquable et courageux guerrier en son temps et jouissait d'un grand respect de la part du clan tout entier. Déclinant l'invitation d'Okonkwo à partager leur repas, il demanda à celui-ci de sortir avec lui pour parler un peu. Ils firent quelques pas ensemble, le vieux appuyé sur son bâton. Quand ils furent hors de portée de voix, il dit à Okonkwo :
— Ce garçon t'appelle " père ". Ne prête pas la main à sa mort.
Okonkwo, surpris, voulut dire quelque chose mais le vieux ne lui en laissa pas le temps.
— Oui, Umuofia a décidé de le tuer. L'oracle des Collines et des Grottes en a décidé ainsi. On l'emmènera hors du village comme c'est la coutume, et on le tuera. Mais je ne veux pas que tu y sois pour quoi que ce soit. Il te considère comme son père.
Le lendemain, un groupe d'anciens des neufs villages d'Umuofia vint de bonne heure à la maison d'Okonkwo et avant qu'ils se mettent à discuter à voix basse on fit sortir Nwoye et Ikemefuna. Ils ne s'attardèrent pas, mais après leur départ Okonkwo resta très longtemps immobile, le menton appuyé sur ses mains. Plus tard dans la journée, il appela Ikemefuna et lui dit qu'on allait le ramener chez lui le lendemain. Nwoye l'entendit et éclata en pleurs, et son père le battit durement. Quant à Ikemefuna, il était complètement perdu. Le souvenir de son propre foyer était désormais vague et lointain. Sa mère lui manquait, sa sœur aussi, et il aurait été très content de les revoir. Il se souvenait du jour où des inconnus étaient venus chez lui pour discuter à voix basse avec son père, et il lui semblait que tout recommençait.
Un peu plus tard, Nwoye alla trouver sa mère dans sa case et lui dit qu'Ikemefuna retournait chez lui. Celle-ci laissa tomber le pilon avec lequel elle broyait du piment, croisa les bras sur sa poitrine et soupira : « Pauvre enfant ».
Le lendemain, les hommes revinrent avec un pot de vin de palme. Ils étaient tous vêtu comme pour se rendre à une grande réunion de clan ou pour une visite à un village voisin. Ils firent passer leurs vêtements sous leur aisselle droite et jetèrent leur sac en peau de chèvre et leur machette dans son étui par-dessus leur épaule gauche. Okonkwo fut rapidement prêt et le groupe se mit en route avec Ikemefuna, qui portait le pot de vin de palme. Un silence de mort s'abattit sur le domaine d'Okonkwo. Les petits enfants eux-mêmes avaient l'air au courant. Nwoye resta toute la journée dans la case de sa mère, les yeux pleins de larmes.

Première partie, Chapitre VII.
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Il s'était montré de son vivant paresseux et imprévoyant, tout à fait incapable de penser au lendemain. Si quelque argent lui tombait entre les mains — ce qui n'arrivait pas souvent —, il achetait aussitôt des gourdes de vin de palme et invitait ses voisins à faire la fête. Il disait toujours que chaque fois qu'il voyait la bouche d'un mort, il comprenait qu'il fallait être fou pour ne pas manger tout ce qu'on possédait tant qu'on était en vie. Unoka, évidemment, devait de l'argent à tous ses voisins.

Première partie, Chapitre I.
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Le Blanc est très malin. Il est venu tranquillement et paisiblement avec sa religion. Nous nous sommes amusés de sa sottise et nous lui avons permis de rester. Maintenant il a conquis nos frères, et notre clan ne peut plus agir comme un seul homme. Il a placé un couteau sur les choses qui nous tenaient ensemble et nous sommes tombés en morceaux.
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L'igname, reine des cultures, était une souveraine très exigeante. Elle demandait pendant trois ou quatre mois une attention constante entre le premier chant du coq et le moment où la volaille va se percher pour la nuit. On protégeait les jeunes pousses de la chaleur du sol avec des couronnes de feuilles de sisal. Quand les pluies se faisaient trop fortes les femmes plantaient du maïs, des melons et des haricots entre les monticules. On soutenait ensuite les plants, d'abord avec de petits bâtons puis avec des branches qu'on prenait aux arbres. Les femmes venaient désherber trois fois, à des moments précis dans la vie des plantes, ni trop tôt ni trop tard.

Première partie, Chapitre IV.
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— Ne désespère pas, je sais que tu ne vas pas désespérer. Tu as un cœur viril et fier. Un cœur fier ne se laisse pas abattre quand tout s'effondre, car tel échec ne l'atteint pas dans son orgueil. C'est beaucoup plus difficile et beaucoup plus douloureux quand on est seul à échouer.

Première partie, Chapitre III.
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Ogbuefi Ezeudu, le doyen du village, déclara à deux hommes qui venaient le voir que le châtiment infligé à ceux qui rompaient la trêve d'Ani était devenu bien doux dans leur clan.
— Il n'en a pas toujours été ainsi, ajouta-t-il. Mon père me racontait qu'il avait entendu dire que, jadis, on traînait par terre jusqu'à ce que mort s'ensuive celui qui rompait la trêve. Mais après un certain temps, on a mis fin à cette coutume parce qu'elle était contraire à la paix qu'elle était censée préserver.

Première partie, Chapitre IV.
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Quand ils eurent tous bu deux ou trois cornes, Nwakibie fit appeler ses femmes. Elles n'étaient pas toutes chez elles et il n'en vint que quatre.
— Anasi n'est pas là ? leur demanda-t-il.
Elles répondirent qu'elle allait venir. Anasi était la première épouse et les autres ne pouvaient pas boire avant elle, aussi elles l'attendirent.
Anasi était une grande et forte femme entre deux âges. Tout en elle respirait l'autorité et on la sentait faite pour diriger les femmes dans une famille nombreuse et prospère. Elle portait sur son anneau de cheville les titres de son mari, comme seule la première épouse pouvait le faire.
Elle s'approcha de son mari et reçut la corne de ses mains. Puis, posant un genou à terre, elle but un peu de vin et lui rendit la corne. Après quoi elle se releva, le salua de son nom et repartit vers sa case. Les autres femmes burent de la même façon, l'une après l'autre par ordre d'importance, et ressortirent.
Les hommes continuèrent à boire et à discuter.

Première partie, Chapitre III.
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Il entendait, étroitement mêlés dans les oreilles de son esprit, les rythmes endiablés de l'ekuve (tambour), du udu (gong), du ogene (pot d'argile), tandis que sa propre flûte tantôt y glissait sa mélodie et tantôt s'en échappait pour les enrichir de notes plaintives et colorées.
C'était à la fois vif et allègre, mais à écouter la flûte monter et descendre puis revenir par brèves incursions, on comprenait qu'il y avait, aussi, de la peine et de la souffrance.
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Le pays des vivants ne se trouvait pas très loin de celui des ancêtres. Il y avait entre les deux de nombreuses allées et venues, surtout pendant les fêtes et aussi quand un vieil homme mourait, parce que les vieux étaient très proches des ancêtres. La vie d'un homme de sa naissance à sa mort était une succession de rites de transition qui le rapprochait de plus en plus de ses ancêtres.

Première partie, Chapitre XIII.
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La fête de l'Igname nouvelle avait lieu chaque année avant que débute la récolte, en l'honneur de la déesse de la Terre et des esprits des ancêtres. On ne mangeait pas d'ignames avant de leur en avoir offert quelques-unes. Tous, hommes et femmes, jeunes et vieux, attendaient avec impatience ce moment qui marquait le début de la saison de l'abondance et l'année nouvelle. Pendant la nuit précédant la fête, ceux qui avaient encore des ignames de l'année écoulée les liquidaient toutes. La nouvelle année devait commencer avec des ignames fraîches, goûteuses, et surtout pas avec les fruits fibreux et ratatinés de la précédente récolte. On lavait avec grand soin toutes les marmites, les calebasses et les écuelles en bois, et plus particulièrement les mortiers de bois dans lesquels on pilait les ignames. Le foufou d'igname à la soupe de légumes était le plat roi de la célébration. On en préparait de telles quantités que quel que soit l'appétit de la famille ou le nombre d'amis et de parents que celle-ci invitait, il y avait toujours beaucoup de restes à la fin de la journée. […]
On était maintenant à trois jours de la fête. Les épouses d'Okonkwo avaient si bien frotté de terre rouge les murs et les cases que la lumière s'y reflétait. Elles les avaient ensuite décorées de motifs blancs, jaunes et vert foncé. Puis elles avaient entrepris de se peindre elles-mêmes avec du bois de cam et de tracer en noir de magnifiques dessins noirs sur leurs ventres et leurs dos. On décorait aussi les enfants, à commencer par leurs crânes qu'on rasait en dessinant de beaux motifs.

Première partie, Chapitre V.
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