Christian Gaut

Corréziens, Corréziennes ! Français, Françaises ! Européens, Européennes !



Séjournant actuellement en Corrèze, je me devais de croquer un livre du cru local. Si ce département est une source présidentielle naturelle, le pays des milles vaches (1) est-il aussi un terreau fertile pour les auteurs de livres jeunesse ?



Mystère, mystère ! Allons voir !



Après Fulbert le verre de terre et ses féroces criquets dans le cirque Dugazon, découvrons « Marcello l’asticot ». Cet ouvrage édité en octobre 2012 a été écrit par Christian Gaut et illustré dans un style aquarelle par Pierre Senon, tous deux des Aubazinois.



A partir d’une boite de pâté abandonnée lors d’un pique nique, un petit asticot nommé Marcello va profiter des restes. Recherchant de nouveau de la nourriture, il parcourt un potager plein de citrouilles, concombres ou autres tomates. BEURK ! Marcello déteste les légumes comme les enfants de trois ans ! Comment notre petit animal va-t-il pouvoir se nourrir et s’en sortir dans ce jardin ?



Mais, attendez… nous avons une visite inattendue à notre salon littéraire. Notre président du changement pour bientôt a fait un voyage éclair dans sa terre natale et veut bien nous accorder un court entretien sur ce livre corrézien. Écoutons-le !



- Moi président, je n’obligerai jamais nos concitoyens français à manger tel légume ou tel fruit. Regardez cet asticot. Il n’aimerait surement pas manger des pommes, j’en suis sûr !

- Moi président, je n’obligerai jamais les êtres vivants de petite taille à porter des talonnettes. Regardez cet asticot qui ne voit pas l’intérêt d’être plus grand qu’il ne l’est !

- Moi président, en revanche, j’obligerai les lecteurs d'albums jeunesses à découvrir a minima un album corrézien pour ME remonter le moral, il est vrai dans les chaussettes en ce moment. Pour ne pas dire que ça sent vraiment le pâté !



Alors asticotez votre libraire pour dénicher ce Marcello, un animal qui nous rappelle étrangement le comportement de nos enfants face aux légumes. Belle petite découverte très bien écriture et joliment illustrée…





(1) "Le plateau des Mille vaches" signifie "milles sources" et non vaches comme beaucoup le pensent. Pour résumer, Poc, Poc au lieu de Meuh, Meuh si vous devez l'expliquer à vos enfants de deux ans !

Invitée à donner mon avis sur la BD numérique interactive issue des aventures de Thérébentine (oui, avec un h), je me plonge donc avec plaisir dans l’univers de cette petite peste et découvre une de ses journées dans le tome 1, L’Essence d’un poison…

Déjà, il faut savoir que, même dans sa version papier, c’est une BD sans bulles : le concept a un but pédagogique, stimuler l’imagination et la communication des enfants grâce à l’inférence, autrement dit les aider à développer leur capacité à trouver des informations sous-entendues dans les illustrations, leur apprendre à réfléchir directement à partir de ce qu'ils voient. Les enfants et leurs parents interprètent l’histoire et chacun construit en quelque sorte son scénario personnel.

Ne connaissant pas la version papier, je joue à tester la version numérique interactive, ne sachant pas si je suis le bon cobaye, n’ayant pas de petits sous la main… J’ajoute que je suis sensible au jeu de mots contenu dans le titre (qui échappera sans doute aux petits).



Me voilà donc confrontée, après le rapide didacticiel, à cette gamine qui tire la langue et se cure le nez et fait le désespoir de sa pauvre maman en accumulant les bêtises dès son réveil, son petit déjeuner, sa toilette et sa préparation de son départ pour l’école. Elle continue allègrement le long du trajet, en classe et jusqu’à son retour à la maison…

Les onomatopées des peluches et jouets, les ronflements, les bisous, les bruits de pas et de pieds qui trainent feront la joie des petits ; de même, éteindre le réveil, allumer la lumière, fermer les robinets sont des gestes à la fois ludiques et instructifs ; les souvenirs attachés aux objets qu’il faut trouver sont mignons, drôles et sujets à discussions ; les planches informatives sont bienvenues mais on invite tout de même les enfants à faire pipi dans la douche pour économiser la chasse d’eau (!?) et, dans la page des continents, j’ai eu du mal à faire apparaître l’Europe et l’Amérique du nord (il fallait cliquer un peu partout pour que cela fonctionne)…



J’aurais juste deux bémols à formuler dans mon ressenti général. Personnellement, je trouve la maman un peu trop cantonnée dans ses tâches ménagères et stéréotypée dans une attitude exaspérée : où est le papa ? Ou la deuxième maman ? Et pourquoi pas une fratrie ? La petite fille est aussi décrite d’une manière un peu solitaire, dans son monde imaginaire, avec ses jouets et son sac à dos qui réagissent à ce qui lui arrive, mais sans relation notamment avec les autres enfants. C’est un peu dommage…



En conclusion, je suis toujours un peu sceptique quand je vois de très jeunes enfants le nez dans leur tablette ou les yeux rivés sur un écran, comme prisonniers dans leur interaction avec l’objet dit connecté mais trop déconnectés, à mon humble avis, du monde qui les entoure… Cette BD est sans aucun doute intéressante mais à utiliser à plusieurs et avec modération.