Citations de Christian Guay-Poliquin (199)
Un trait de notre époque consiste à être seuls tous ensemble par le biais des écrans et du monde virtuel.
Je rassemble mon courage et me retourne sur le dos, les bras en croix, les paumes vers le ciel. Autour de moi les ténèbres rôdent. La nuit a faim. Et les flocons sont carnivores.
La douleur est un oiseau de proie qui me tient dans ses serres.
A mon âge, les tricheries ne me tourmentent plus. L'imagination, c'est une forme de courage. (" Le poids de la neige", Les éditions de l'Observatoire, décembre 2017, p. 53)
Le vent s’est levé avec la tombée de la nuit. Les rafales secouent la véranda. Il neige. J’entends les flocons se précipiter contre la vitre comme des oiseaux bernés par les reflets.
Nous sommes dans le ventre de l'hiver, dans ses entrailles. Et, dans cette obscurité chaude, nous savons qu'on ne peut jamais fuir ce qui nous échoit.
Le ciel gris est opaque et sans aucune nuance. Le soleil pourrait être n'importe où. Quelques flocons virevoltent dans l'air en s'accrochant à chaque seconde.
Personne ne peut survivre avec quelqu'un qui refuse de parler.
Regarde le réveil , observe le mouvement des aiguilles, écoute le tic-tac. Ce n'est ni la neige ni le froid, ni l'obscurité ni la faim. C'est le temps qui viendra à bout de nous. (p. 169)
La neige règne sans partage. Elle domine le paysage, elle écrase les montagnes. Les arbres s'inclinent, ploient vers le sol, courbent l'échine. Il n'y a que les grandes épinettes qui refusent de plier. Elles encaissent, droites et noires. Elles marquent la fin du village, le début de la forêt.[...] Le ciel gris est opaque et sans aucune nuance.
Je crois qu'il a neigé un peu durant la nuit, mais ce matin le ciel est bleu et dur. Pendus à la corniche, les glaçons scintillent.
Devant moi, cinq types me fixent comme s'ils venaient d'apercevoir un revenant. Je reconnais certains visages, mais le temps a fait son oeuvre. Avec les années, nous sommes tous redevenus des étrangers.
Quand on regarde par la fenêtre, on dirait qu'on est en pleine mer. Partout, le vent a soulevé d’immenses lames de neige qui se sont figées au moment même où elles allaient déferler sur nous.
Je n’ai même pas le courage de communiquer, d’interagir, de converser. Ni l’envie. Je préfère ruminer mon infortune en silence.
Il recommence à neiger. Les flocons sont si fins qu'on dirait qu'ils ont été broyés en poudre à l'intérieur des nuages.
On est pris au piège. Soit on attend que les jours et les nuits aient raison de nous. Soit on se fabrique des ailes et on s’évade par les airs.
J'écoute les secondes tourner en rond autour du réveil, comme si elles cherchaient à gagner du temps.
Les grands choix de ma vie ont été faits il y a longtemps, je dois composer avec eux.
Je suis comme tout le monde. Je suis incapable d'admette la possibilité de ma propre mort.
Mathias m'exaspère. Non seulement c'est un homme infatigable, mais il est aussi d'une agilité surprenante. Il se penche, se relève et pivote sur lui-même comme si son âge n'était qu'un déguisement. Quand quelque chose lui glisse des mains, il le rattrape souvent avant même que cela ne touche le sol. Ses gestes sont souples et énergiques. Lents parfois, mais toujours souples et énergiques.