À un certain niveau de réalité, dans la vie quotidienne, l'homme doit soigneusement faire la différence entre la réalité et la supposition, la réalité et l'imaginaire, le réel et l'irréel. Mais il y a un moment au cours d'une recherche sur la vérité de soi-même où on s'aperçoit que ces termes non seulement ne s'opposent pas mais semblent en étroite relation.
L'approche de l'esprit par les mots ne se fait pas sans une certaine ascèse du langage. Il s'agit logiquement de viser à la plus grande précision sans oublier que le langage a sa propre respiration. Il s'agit de traduire ce qui est, ce qui est ressenti, en une langue vivante.
Une idée n'est pas une chose qui existe. Une idée cela tiendrait plutôt de l'irréel que du réel. Et pourtant... Quand l'idée n'est plus confondue avec une pensée ou un raisonnement qui indique la direction à prendre pour découvrir la réalité, elle est porteuse du sens même de la réalité. Alors on découvre quelque chose d'extraordinaire : la réalité est inhérente à l'idée pure, elle est dans le sein même de l'idée pure. À l'origine du réel : le sens, immédiat.
Il est des paroles, rares, qui semblent couler d’une source étrangement intime et universelle à la fois. Dans la précision de son effervescence, telle était celle de Stephen Jourdain. Je m’en suis nourri. Quelques mois après sa mort, seul, j’ai imaginé librement ce dialogue