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Citation de Crisilou


Extrait Tome 1 : L’HOMME QUI VENAIT DE PARTIR
Chaque matin le retrouvait assis sur le seuil de sa cabane en planches. Avec rien d’autre à faire qu’écouter le silence. Mais c’est fou le tapage que peut faire le silence quand il répercute l’écho des souvenirs.
Alors, Larry secouait la tête comme pour changer la longueur d’ondes de ses pensées et retrouver le contact avec la réalité présente.
Parfois, il se couchait de tout son long sur le sable, chaud et doux comme une peau, le regard perdu dans l’immensité du ciel. Et, comme chacun de nous dans ces moments-là, il ne pouvait s’empêcher de se demander si tout cet espace au-dessus de lui était vide, vide de vie, vide de Dieu.
Il ne voulait jamais pousser trop loin cette vaine interrogation et s’efforçait de revenir très vite au ras du sol.
Enfant, il aimait déjà mettre chaque parcelle de son corps en contact avec la terre-mère comme pour mieux communier avec elle, partager ses moindres vibrations. Il se laissait bercer par le vagissement monotone du ressac, cette respiration des profondeurs de la mer, et sa propre respiration s’harmonisait avec les pulsations de l’océan.
Au fil des jours, il apprenait à goûter la saveur douce-amère de la solitude totale. Il en éprouvait une sorte d’ivresse tantôt mélancolique tantôt presque euphorique. Même la nostalgie peut avoir un agréable arrière-goût.
Il lui arrivait de parler à son ombre, de répondre à son écho. Il est vrai que la solitude n’était pas vraiment nouvelle pour lui. Il avait fait sa connaissance très jeune et leur couple fonctionnait plutôt bien. « Monsieur Silence a épousé madame Solitude », disait déjà sa tante en se moquant gentiment de lui.
Pendant la journée, le soleil aidant, tout lui paraissait plus supportable. Il était ainsi fait qu’il pouvait être triste sans être jamais vraiment malheureux. De toute façon, il s’interdisait d’être triste pendant plus de cinq minutes d’affilée. Son esprit s’accrochait volontiers à toutes ces petites choses autour de lui qui lui rappelaient sa chance d’être encore vivant. Le monde est une musique pour qui sait l’entendre.
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