Alisa approuva d'un sourire avant de le perdre en examinant son bureau. Les rapports qu'elle avait demandés à l'agent Akhrif n'étaient pas là. Elle leva la tête et chercha l'homme. Elle l'aperçut assis à son bureau, non loin d'elle, et l'appela.
- Akhrif ? Les rapports ? Où ils sont ? lui demanda-t-elle.
- Quels rapports ? demanda-t-il, d'un air agacé.
- Les rapports que je vous ai demandé d'aller récupérer en salle d'autopsie, et votre compte-rendu des similitudes.
- J'ai oublié, j'irai les chercher après ma pause, répondit-il avec le même air.
Alisa se leva.
- Non, vous allez me les chercher maintenant ! ordonna-t-elle en haussant le ton.
L'homme se leva à son tour.
- C'est bon, Mademoiselle, je vais les chercher, déclara-t-il en singeant la voix qu'elle venait de prendre.
Alisa sentit ses joues s'échauffer sous la colère. Elle serra discrètement l'un de ses poings dans son dos. Derrière elle, Matt guetta sa réaction avec appréhension. Connor et Zane observaient également l'échange avec inquiétude.
- C'est LIEUTENANT CHEF, dit-elle, cinglante. Pas Mademoiselle. Et je vous en prie AGENT Akhrif, retournez à votre pause. Vous n'êtes visiblement pas capable d'effectuer une tâche qui relève pourtant de votre fonction. Alors, la prochaine fois, je vous demanderai quelque chose qui sera plus dans vos cordes. Comme d'aller chercher le café.
L'agent scruta la pièce autour de lui et vit tous les regards tournés vers lui. Il s'empourpra et se rassit piteusement en fixant ses chaussures pendant qu'Alisa se dirigeait avec colère vers l'ascenseur.
- Bien sûr que je le sais, dit-il d'un air grave. Mais tu sais ce que représente cette opportunité, pour moi. Être enquêteur de police a toujours été un rêve inatteignable pour des gens comme nous. Aujourd'hui, même si nous ne sommes que consultants, je me sens à deux doigts de le réaliser.
Zane soupira.
- D'accord, mais ne t'attends pas à être bien traité par qui que ce soit ici, le prévint-il en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. Ce n'est pas parce que ce programme d'intégration est mis ne place que tout le monde est pour.
Zane fronça les sourcils.
- En tout cas, une chose est sûre, s'il pense que les vampires tueront tous les humains un jour, il se trompe. Les autres, je ne sais pas, mais lui, il est en sécurité, avec tout l'alcool et la drogue qu'il a dans le sang. Aucun vampire saint d'esprit ne voudrait le boire, dit-il alors que son ton se teintait d'amusement. Personnellement, je préfère le sang de ceux qui prennent soin d'eux. Comme le lieutenant Maltais.
Tous se tournèrent vers lui. Connor écarquilla les yeux devant ses paroles, Alisa fronça les sourcils, et Mathieu, lui, fit un rapide pas de côté pour s'éloigner du vampire. Zane sembla réaliser ce qu'il venait de dire et ouvrit la bouche comme pour se rattraper, sans qu'aucun mot ne sorte.
- Je crois que je comprends mieux le rapport que tu as fait au chef, dit soudainement la lieutenante en se tournant vers Mathieu.
- Ah ! Tu vois ! s'exclama-t-il. Un psychopathe suceur de sang !
Connor se détourna, horrifié par l'image que leur donnait son ami. Zane ferma la bouche, puis baissa la tête. C'est en entendant le rire d'Alisa qu'il la releva, surpris.
- Matt, tu n'as vraiment pas d'humour, déclara-t-elle en quittant l'immeuble.
- Je croyais que tu n'aimais pas les vampires, fit remarquer Zane en reportant son attention sur l'écran de l'ordinateur.
- Je ne vous aime pas, confirma le lieutenant.
Zane leva de nouveau les yeux vers son collègue.
- Ça a le mérite d'être clair, murmura-t-il d'une voix dure.
Matt soupira. Il se leva et quitta son bureau avant de se diriger vers la machine à café. Lorsqu'il revint, sa boisson à la main, il s'assit sur le bureau d'Alisa, juste à côté du vampire. Zane ne bougea pas et continua d'ouvrir les dossiers sur l'ordinateur.
- Ce n'est pas que je ne vous aime pas toi et Connor spécifiquement, précisa le lieutenant. De ce que j'ai pu voir ces dernières semaines vous êtes des types sympas et vous travaillez bien. C'est juste que... Vous buvez du sang pour vivre. Du sang humain. Je ne peux pas accepter ça. Ce n'est pas quelque chose de normal.
- Tout va bien ? osa demander Connor.
Alisa leva les yeux vers lui.
- Oui, pourquoi ?
- Oh, je sais... déclara soudain Matt, avant d'ajouter à voix basse : tu es dans la mauvaise période du mois.
Alisa grimaça avant de s'affaler sur son bureau.
- J'en peux plus, se plaignit-elle. Je n'ai pas pu dormir de la nuit, j'ai mal, je vais mourir...
Matt s'esclaffa.
- Tu en fais pas un peu trop ? plaisanta-t-il.
La lieutenante se redressa, le regard noir.
- Tu veux que je te les attrape et que je les torde avant de les plonger dans l'eau bouillante ? Parce que c'est la sensation que j'ai à l'intérieur de mon utérus là tout de suite !
Matt, toujours assis, recula en poussant sur le bord du bureau et prit un air horrifié.
- Vous dépassez les bornes, Collet.
- Monsieur le préfet, reprit-elle. Vous pouvez attaquer mon équipe si vous le souhaitez, mais vous ne me ferez jamais croire que vous avez une bonne raison de le faire. Le B.E.V. compte parmi les meilleurs éléments de la police de Bordeaux. Et moi, j'en fais partie. Le lieutenant Maltais en fait partie. Et mes deux consultants fournissent à cette équipe une aide indéniable pour boucler nos enquêtes. Ce qui vous dérange, vous, c'est que les choses n'aillent pas dans votre sens. Alors, trouvez-moi une véritable raison pour me virer, et on en reparle.
- Ça va vous ? demanda-t-il en balayant les bureaux du regard. Vous tirez de ces têtes...
- Notre enquête n'est pas des plus agréables à traiter... répondit Matt.
Alan hocha la tête.
- J'en ai entendu parler, annonça-t-il. Les gamins retrouvés morts... C'est horrible.
- Ce que j'aimerais, c'est retrouver ceux qui ont disparu. Et en vie... murmura Alisa.
Les deux vampires sourirent. En se rasseyant, Zane posa une dernière question à la lieutenante.
- Pourquoi Connor et moi, on n'a pas eu le traitement à la dure que vous réservez aux hommes qui travaillent avec vous ?
Alisa leur sourit.
- Vous ne m'avez donné aucune raison de le faire, expliqua-t-elle. Félicitations, vous êtes les premiers.