Puis en juillet nous avons mis le cap sur le nord du Caucase, à l'ouest de l'Oural, partie européenne de la Russie, pour escalader l'Elbrouz, le plus haut sommet d'Europe qui culmine à 5 642 mètres. Ce voyage m'a troublée. Tant de tristesse dans les regards, tant de pauvreté. Les boutiques du premier pays à avoir envoyé des hommes sur la Lune étaient vides. Une nation à la pointe de la technologie aérospatiale, capable de financer des fusées alors que son peuple était affamé, une aberration !
[C'était en 1992]
Comment transformer cette souffrance ? Le mot « maladie » porte d’ailleurs le message en lui-même : « le mal a dit »...
C’est grâce à la montagne que je suis là, et la vue de ce sommet me le rappelle à chaque instant. Fascinante, puissante, exigeante, la montagne ne pardonne pas les faux pas, elle transcende et nous incite à nous élever.
J'avais poussé jusqu'aux limites extrêmes de mes ressources physiques et morales. Tout simplement parce que je voulais y arriver, me prouver que j'en étais capable. Comme l'enfant qui veut attraper le pot de confiture tout en haut du placard.