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elle raye définitivement le
de sa vie
elle surveille les repas
pas de
elle le sent
qui a mis du
hurle
pas de
ça vient envahir sa tête
ça disparaît de son assiette
ça revient en majuscule
fait une écharde sous le pied
ne peut le raturer
se cogne
on écoute ses cris exorbités
il n'y a que du
partout
délivrez-moi de
on parle
petit pas de côté
modifie son souffle
1
Ils ont seize ans
peut être vingt
Un jour ils ont quitté la table
se sont réfugiés sous des draps sans ourlet
ont refusé volets clos de se lever
ont été secoués suppliés insultés
se sont recroquevillés
Puis
un par un
ils sont arrivés là
phrases élaguées ombres solitaires
ils sont arrivés
Leurs plaies peu à peu ont cessé de suinter
ils se sont assis
on s’est assis aussi
avec leurs yeux
on a regardé l’horizon
cisaillé
leur voix est sans salive
Sous leurs mots
il y a un guépard
tapi
prêt à bondir
3
ses phrases sont du sable
elles filent entre ses doigts
fumée liane ricochets des mots sans pliure
s'emboitent à l'infini
avec lui on construit des digues
quelques fines barrières
pas de virgule pas de point
chaque jour on fabrique on bâtit des écluses
ses phrases sont de l'eau
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ses yeux ils les entoure de bleu
il sort serpente dans la nuit
son rire il le jette strident à l'oreille des hommes
qui
se retournent aigres le diffament
Il les outre sa démarche siffle
à l'ombre de ses 13 ans
il sait à voix basse dire l'indécence
celle à nu
celle-là vraie
celle qui hante son corps
celle de tous les cadavres yeux ouverts qui
marchent dans sa vie
dans un souffle il confie
sa lutte contre
rimmel fait un pli sur le coin de sa joue
l'obscénité de ka mort
ans la lumière abrupte du jour
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leurs silhouettes découpent l'air
immobiles
figées dans la vase d'ne nuit sans caresse
accroupies sur les marches
comme en Asie
elles fument
contre le ciel aveugle
contre le vertige insomniaque
elles fument sous les cernes grimaçants
on s'approche
elles ont des sourires lents
on chuchote
les mots inclinent leurs visages
soufflés ils arrondissent le jour naissant
sa voix si frêle…
sa voix si frêle
sa voix sans cils sa voix bouche bée sa voix arc tendu
sa voix a perdu son timbre
on l’écoute
elle mots englués trou mot expulsé
doucement on l’écoute
sa langue depuis l’enfance
dans sa gorge étranglée
s’est asséchée
elle cherche au milieu des ronces un nouveau sentier
on écarte les branches
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grondement dans le creux de ses mains
souffle sourd
elle tourne autour du bâtiment
bouillonnement
elle vire
hier pieds poings trous dans le
mur épuisée vitre cassée
regard vide ce matin
elle claque une porte crie en claque une autre
ôtez de ma tête cette sangsue
poisseuse ouste extirpez ça de moi
ces corbeaux noirs aussi jetez-les loin
quelqu'un à l'étage chante
voile léger sur sa peau écorchée
se laisse tomber dans l'intervalle
visage un instant reposé