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Citation de Charybde2


Elle était autre chose, n’en doutons pas, et sa légende la précédait afin qu’elle n’en soit que l’insolente confirmation. Ceux qui l’admiraient de près, cravate dénouée, poches retournées, se sentaient plus seuls qu’un sexe d’homme dans la poigne d’une femme qui vous sent favorable à l’idée de viol et cache une lame de rasoir entre ses dents. Ceux qui l’avaient aimée de leurs phalanges crispées, de leurs gros doigts bourgeois, ceux qui avaient mouillé du gland et des yeux quand, aux accents du saxo qui pourtant n’avaient rien de salace, elle s’avançait du pas de celle qui piétine, à chaque baiser-semelle, la main du mâle, ceux-là sentaient bien qu’elle ne les aimait pas, pas comme ils l’auraient voulu. Et ils comprenaient à l’instant t de sa disparition, quand les ronds de couleur cessaient de batifoler sur sa silhouette telle de la sonnaille, qu’elle venait en ces lieux pour détruire ce secret qu’ils croyaient si bien gardé – à savoir que leur désir n’était que frousse. Et s’ils avaient eu l’ouïe fine, ils auraient entendu le claquement de son G-string en coulisse, sa manière à elle de leur dire adieu, le son d’une fronde venu parapher leur éviction hors du monde – ce monde que pendant onze minutes elle avait fait semblant de respecter, de magnifier. Elle crevait leurs nuits comme si ces dernières étaient des cerceaux de foutre, dont ils recueillaient, tard le soir, les débris scintillants dans leur mouchoir, tandis que leur épouse souriait en feignant de feuilleter un catalogue de mode. Ils se sentaient alors complices de cette jouissance nauséabonde qui rappelle au maître que, parfois, la trique est boomerang.
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