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Citation de Woland


[...] ... Est-il certain que les citoyens européens acceptent que le pouvoir budgétaire soit retiré à leurs Parlements nationaux ? En septembre 2010, les ministre des Finances de l'Union ont déjà adopté le principe du semestre européen qui prévoit une surveillance des budgets, agrémentée d'avis donnés par le Conseil. Mais qui ne prévoit pas, au nom de la lutte contre la crise, une abdication des élus ! Si désormais une instance "indépendante" devait statuer, auprès de qui les citoyens devraient-ils se plaindre s'ils sont mécontents ?


En décembre 2011, les Etats céderont finalement une partie de leur souveraineté économique. Un "progrès démocratique incontestable", selon les termes de Nicolas Sarkozy ? La formule est osée : il faudra juger sur pièces les traités qui organiseront cette nouvelle avancée vers ce que l'on appelle le "fédéralisme." Parmi les élites françaises et européennes, de plus en plus de responsables pensent que les marchés n'ont pas tort : ce qui pose un problème, c'est la politique, le débat public. Mieux vaut des décideurs compétents que des électeurs inconscients.


Ancien commissaire européen au Marché intérieur puis à la Concurrence, le professeur italien Mario Monti est nommé, en novembre 2011, président du Conseil de son pays. Conseiller à l'international de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs depuis 2005, président de la section Europe d'une mystérieuse organisation, la Trilatérale, Monti est l'une des personnalités les plus écoutées du continent. Avant même son accession au pouvoir, sa réputation fait de lui l'un des rares hommes politiques d'Italie à être doté du sens de l'Etat. Président de l'Université Bocconi de Milan, cet homme austère est loué pour sa probité. Pas le genre à parler à la légère. A la fin de l'hiver 2007, le professeur Monti s'exprime devant un parterre invité par la délégation du Sénat français pour la planification. Lors d'un débat avec des économistes, l'Italien va développer, lui aussi, une étrange conception du pouvoir moderne :

Ma passion pour l'Europe, éloignée des contraintes électorales, tient à son rôle d'alliée des générations futures.

Que signifie cette expression : l'Europe "éloignée des contraintes électorales" ? Peut-elle s'appliquer à une démocratie ? Le propos du futur chef du gouvernement italien a troublé un professeur de sciences économiques et sociales au lycée, qui interpelle l'orateur :

- L'Europe possède un gouvernement procédant par règles budgétaires, monétaires, concurrentielles. Il n'existe donc plus de choix démocratique en matière de politique publique, s'offusque le professeur dans l'assistance. Or Mario Monti indique que l'Europe est garante des générations futures indépendamment des choix de population. Je ne comprends pas comment ce vide démocratique n'est pas problématique en Europe. ... [...]
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