Le visage de la Marquise, creusé par l'âge, était modelé par l'architecture fine de l'ossature. Cette dureté, presque minérale, n'était pas sans beauté et sans noblesse. Le visage se délestait de tout ce qui lui était désormais inutile. Il allait à l'essentiel, ce qui ne signifiait rien d'autre que la conservation de son rang et la condamnation de toute promiscuité indignes d'une femme qui se dirigeait vers la mort.
- La justice monsieur, ne s'applique qu'à ceux qui ne peuvent s'y soustraire. Elle les punit toujours car, démunis, ils ne peuvent se défendre. Elle les punit car ils n'ont point de parents pour les protéger et leur éviter l'humiliation de l'injustice.
- Julhians avait-il des dettes ?
- Il menait grand train. Il possédait un équipage et une maison rue Mazarine, et y avait table ouverte. Or, étrangement pour un homme de sa condition et de son âge, ses dettes restaient raisonnables. A croire qu'elles étaient effacées par une source de revenus étrangers à la pension que lui allouait le conseiller de Julhians.
Le maréchal duc (de Richelieu) arborait cette mine noble et ennuyée, fine et fatiguée, qui n’appartient qu’à ceux qui n’ont connu que la cour, quelques champs de bataille, plusieurs mois à la Bastille et le secret de beaucoup d’alcôves.
- D'où tient-elle ses revenus ?
- Cela reste mystérieux, à moins d'imaginer un généreux protecteur qui, pour d'incompréhensibles raisons, à décider de garder l'anonymat.
- Ces messieurs d'ordinaire, aiment afficher leurs liaisons.
- A Paris sans doute Hilarion, une jolie maîtresse s'épingle sur la poitrine de son riche amant comme une croix de Saint-Louis. Mais nous sommes à Aix.
Un homme du peuple ne pèse rien. Il est à peine une ombre, une espèce que M. de Buffon aurait pu situer entre l'être humain et l'animal.
Un grand nombres d'équipages et plus de chaises encore sillonnaient l'avenue. Elles remontaient ou redescendaient le Cours, puis disparaissaient dans une rue voisine, remplacées par d'autres, surgies de la ville comtale ou du quartier marchand.
Il devait mettre un terme à une situation qui risquait de lui coûter cher. Se servir d’une arme à Versailles était un abus qui pouvait du jour au lendemain l’envoyer à la Bastille.
Le titre, Charlot et Toinette, mettait en scène un couple singulier : la reine et le comte d’Artois, frère du roi. Point n’était besoin d’aller plus avant dans la lecture. Le libertinage obscène du contenu ne faisait aucun doute.
Hilarion imaginait mal de se voir poudré, habillé et suivi par un serviteur qui ne soit plus ce Parisien bavard et malin, tendre comme une demoiselle dès qu’il surprenait la tristesse de son maître ou devinait ses colères froides. Louis n’était plus là. Il devait toutefois le remplacer : ses perruques avaient été poudrées avec un savoir-faire qui manquait à tous ceux à qui il confiait la responsabilité de cette délicate et subtile opération. Et, surtout, il réfléchissait mieux et plus vite en présence d’un interlocuteur. Il en aviserait la marquise ou bien même Lebrest.