bégayer bégayer sans cesse pour parler
de notre temps la langue quelque part avait rompu
la digue il ne restait que quelques consonnes des sédiments
narratifs limons essaims de formes surfaces
effacées et nous inéluctables inouïs cherchant dans la trame des
siècles un avenir
possible noyés engloutis dans l’idiome emportés par la houle
échouant sur la rive d’une
césure peut-être à bout de
souffle se taire pour sortir du silence se taire endurer
la désorientation de l’époque
dire cela dire
la cécité toujours pareille articuler en un balbutiement quels noms
quels mots quels morts et nommer quel
désastre un naufrage une farce
peut-être.