Avant lui, j'ai côtoyé une centaine d'hommes, à qui j'ai fait croire au printemps avant de les précipiter dans le cercueil.
Je les repérais. Je les regardais. J'attendais qu'ils paradent, au café, dans les rues, torses cafeinés, bites de paon, et je les envahissais de mon apparat printanier.
Le repêchage de vieux était mon hobby.
Adolescente, je les racolais. Je les attrapais à la salive, zou, ramène toi que je te savonnes d'illusion, prend de l'illusion, ça ne va pas durer, elle dure pas l'illusion.
Ils raboulaient, fossiles.
Leur ventre rentré aux prix d'efforts majeurs ne pouvait les sauver de leur délabrement, de leur paupière tombante, de la larme suspendue par je ne sais quel miracle d'un dernier muscle de leur œil.
Et pourtant, ils rajeunissaient un instant à mon contact.
Sous leur lumière tombée, guettant leur prochain étouffement, je m'illuminais.