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Citation de Maldoror


La seule chose dont il se souvient, et il ne sait d'ailleurs pas pourquoi, c'est de s'être réveillé en pleine nuit et d'avoir repensé à un journaliste allemand qui l'avait interviewé, en 1974, pendant la Coupe du monde. Ce type lui avait posé des questions aussi stupides qu'incongrues, lui demandant si, à Kinshasa, ils avaient l'eau et l'électricité. Comme si, parce qu'ils s'appelaient les Léopards, ils étaient des sauvages débarqués de la brousse qui auraient rejoint Gelsenkirchen en pirogue et non pas avec le Boeing 737 flambant neuf de Mobutu. Il l'avait également interrogé sur les fétichistes, les gris-gris, le cannibalisme. Il avait terminé l'entretien en lui demandant s'il était vrai qu'en Afrique, la mortalité infantile était si importante qu'on en faisait peu de cas. Ndaye revoyait parfaitement le visage de ce journaliste, ses cheveux blonds mi-longs et un peu gras, sa peau luisante, ses yeux bovins et son incroyable arrogance, dont il pensait sans doute qu'elle allait réussir à cacher son ignorance et sa bêtise. Là, en pleine nuit, dans sa chambre d'hôpital, il avait nourri à l'égard de cet imbécile des envies de meurtres. Il aurait aimé que ce type le voie, à cet instant précis, pour comprendre qu'en Afrique aussi, perdre son petit garçon de neuf ans, quelle qu'en soit la raison, est la chose la plus insupportable qui puisse arriver à un père.
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