Claire Raynaud

Ce livre est très politiquement incorrect puisqu’il montre une vraie star de football brisée, malheureuse, pauvre et oubliée. Ça casse tout de suite le mythe. C’est donc tout le contraire d’un conte de fée, car cela commence bien, et ça finit carrément mal. Un conte de sorcière ? En tout cas, un vrai cauchemar, car ce n’est pas un conte mais la véridique histoire d’un champion du ballon rond du Zaïre des années 70 dans les mains du dictateur de l’époque, Mobutu. En effet, malgré sa popularité, il n'a pas fait long feu face à l'arbitraire du pouvoir totalitaire.

La biographie de Pierre Ndaye Mulamba est donc assez extraordinaire par son destin rochetarpéiennesque. Mais, en dehors de la compassion que l'on peut avoir pour son calvaire, le malheureux héros n'attire pas particulièrement la sympathie. En effet, il est un homme au talent, certes exceptionnel, celui du football, mais unique. De ce fait, même si on comprend que se remettre d'une telle vie est loin d'être évident, il n'a jamais laissé voir qu'il savait se prendre en main et rebondir. Peut-être est-ce le propre des joueurs de football de ne savoir être que des enfants gâtés (remember Knysna) ? Il n'a ainsi toujours dû sa vie et sa survie jusqu'à aujourd'hui que grâce à la chance et aux autres.

Malgré le caractère exceptionnel de l'histoire, le livre a le défaut de l'objectivité du reportage. En effet, le récit mériterait d'être agrémenté de quelques éléments romanesques pour lui donner un peu plus de chair. Besoin d'autant plus évident que l'histoire ne s'arrêtant pas sur un événement particulier mais uniquement parce que le reportage a eu lieu à un moment donné de la vie du héros (juste avant la coupe du monde de foot de 2010 en Afrique du Sud, son lieu de résidence*), celle-ci semble finir piscicaudalement.

En tout cas, vous pouvez toujours faire lire ce livre à vos ados (c'est du foot, cela devrait les intéresser) car une morale de l'histoire est intéressante pour des parents. En effet, avant que son fils ne commence à faire du foot, Papa Georges Mulamba avait affirmé de manière prophétique : "Il n'est pas question que mon fils fasse du football. Ce n'est pas un métier. Le football, c'est pour les bons à rien. […] Et que deviendra-t-il alors, s'il se casse la jambe ? Un vaurien ou un mendiant ?" Conclusion : IL FAUT TOUJOURS ECOUTER SON PAPA !!!!







* (- Ça s'appellerait pas de l'opportunisme journalisticolittéraire par hasard ?

- Monsieur, c'est de l'information ciblée et contextualisée !

- Ah pardon, j'ai confondu.)