Une ménade n'avait pas forcément d'enfants biologiques, mais elle vivait une maternité très large, qui va du soin des arbres à celui des enfants, en passant par les animaux, qui va des dons prophétiques aux dons de guérison. C'était là le message du ménadisme, aidant les femmes à la compréhension profonde du sens de la maternité et montrant, du même coup, l'absolue positivité et nécessité du féminin et des femmes.
En tant que message d'amour, le ménadisme clame en faveur de l'amour maternel, de l'amour féminin, d'un amour de don et non de possession, d'un amour en largeur autant qu'en profondeur, qui devait embrasser tous les êtres vivants. Le message du ménadisme est donc pour nous d'une extrême actualité, il est porteur d'une éthique d'amour et de soin respectueuse de la Nature et de tous les êtres vivants et d'une sagesse féminine de don de partage, de solidarité et d'amitié qui nous parle bien de philosophie, comprise non comme une amitié pour la sagesse, mais comme une sagesse de l'amitié.
Ce n'est sans doute pas par hasard si les Grecs conçoivent la divination et la prophétie comme des accouchements par la bouche, en cela ils doivent sans doute quelque chose aux pratiques ancestrales des bacchantes. C'est aussi la raison pour laquelle nous sommes convaincue de l'antériorité de Dionysos et de ses Ménades sur Apollon en ce qui concerne le domaine oraculaire en Grèce. Cette antériorité est particulièrement notable à Delphes, où la tradition mythologique nous montre clairement une usurpation de l'oracle féminin au bénéfice d'Apollon.
C'est donc sous l'effet de la possession des Nymphes que Socrate prononce son deuxième discours, où il vante les mérites de la mania, dont l'origine est divine et qui est chose plus belle que le bon sens, dont l'origine est humaine.