La poésie a toujours été pour moi un "métissage des voix".
marche
par force
vers le coeur de l'oubli
les images peuvent crouler
les années rouler comme pierres
sous les pas
marcher on ne marche
jamais que dans les mots
aujourd'hui
même maudits
même changés pourraient-ils
revenir
à l'innocence
des premiers
regards
Dans la nuit
Ton visage s'illumine
Quand j'éteins la lampe
Nedim Gürsel
1949
L'école punissait
Debout
Pour un retard
Debout
C'était la mode
Humiliation
Rimait avec privation
Avec
Rébellion.
( Dan Bouchery)
p 61
L’émigrant
Pas de travail
Pas de famille
Pas de patrie
Vive Pétrin !
Jean L'Anselme
p 177
(... )
l'espoir est exsangue
ici
les enfants
se terrent
sous les décombres
Ici
à Ramallah
rien ne bouge
rien ne respire
que le vent aride
du désert
et cette lourde odeur
de mort
(...)
Bernard Mazo
p191
Extrait 5
...si toutefois ne s'oppose une carrure de texte,
carré de signes « sur le socle
durci où se disputent
les abeilles » où la roue des phrases
tourne, une main devant les yeux,
pour regarder en face
le soleil entre les lignes descendre,
entre les doigts (le rayon vert !), une pleine
page enfin désencombrée
(moissonnée) tout l'or lyrique au sol,
et des oiseaux muets qui montent...
Extrait 1
…obligé d’être ici (L’inanité
des mots). Parce qu’il faut pour chaque jour
une forme. Pour, vertical, tenir dans les remous
et la dissolution de soi. Travailler
à une forme (écrire que je sache !), pour
qu’au milieu de chaque jour il existe
une forme « qui tienne », ne serait-ce que
pour y camper (provisoire abri), le temps
de reprendre ses forces, poser son sac
avant de se remettre en route, traverser
la maison claire, de soi-même ressortir…
Extrait 4
...dans l'absence. Dressé. Entre ses marges
sans arbres, sans nuages, l'aire sans ratures,
le cadran solaire (serais-je un texte
ou un calendrier de pierre ?). Né
de l'ombre des heures. D'un doigt pointé
un va-et-vient d'œil toute mémoire soleil en face
et flots vers le soir trempés de flamme,
à mes frontons, escaliers marbres
du Lorrain les pieds dans la mer mes langues
mes algues mortes, ici, viendront se dissoudre
ici, lécher mes dernières marches...
Extrait 3
...OBLIGÉ D'ÊTRE ICI. Qui donc
nous a remontés du puits d'enfance, qui donc
a rendu le verdict ? D'ici non plus tu ne
t'en iras par les pieds, pente paresseuse
sous l'ombre instable de toi-même, ni ta tête
en poussière de paille au passage
des engins. Donc reste. Et rêve aux lointains profils
dévastés par le temps, corps de fermes
granges, greniers d'abondance
après tout ce boucan, vide et silence. Le travail
d'exister, Waste land, Terre à parole...