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Citation de AuroraeLibri


Le Roi avait passé la journée dans le trouble et l’exaltation secrète causés par la compagnie prolongée d’une jeune vierge cloîtrée. Son corps, transi par le froid soudain qui avait suivi la pluie de décembre, réagissait en une flambée d’érections incontrôlées ; il fit, cette nuit-là, merveille. La Reine, surprise et ravie de tant de sève ravivée chez son époux débonnaire, remerciait le ciel à tout instant ; elle récitait dans la joie et l’aise, à voix très basse, une oraison à Notre-Dame, une autre à saint Norbert, chanoine de Cologne, qui, après d’innombrables dévotions et suppliques, semblait enfin répondre à ses vœux. Saint Norbert, homme viril, ayant été frappé par la foudre à un moment de grande exaltation, son vit était demeuré éternellement roide sous l’effet de la commotion ; c’est la raison qui le faisait supplier par les femmes dans le besoin d’enfants et prier des amantes qui vivaient chastement… Anne ne voyait jamais un orage sans une pensée pour lui – ce soir encore, à sa fenêtre en haut, elle avait vu le feu du ciel s’abattre et avait imploré dans son âme le bon saint de la fécondité. À mesure que saint Norbert lui répondait de plus en plus clairement, la Reine adressait toutes ses prières à la Vierge Marie et une à saint Guerluchon en Berry, pour que la semence royale, en elle, portât ses fruits.
C’était également le souhait le plus cher de toute la France – ensemble avec le désir ardent de la paix –, et ses sujets, dans la grande cité autour d’elle, l’accompagnaient dans son élan. Car un mystérieux cavalier, bravant la pluie d’orage, s’était mis en chemin aussitôt que le Roi était entré au Louvre. Il était allé par les rues de la ville : « Priez, bonnes gens ! » Ce messager diligent s’était arrêté dans toutes les églises, tous les monastères, toutes les chapelles les couvents, portant la nouvelle aux prêtres, aux vierges, aux bourgeois, aux manants, disant : « Priez, car ce soir le roi Louis connaîtra la Reine. Priez pour que Dieu nous donne un dauphin ! »
En sorte que cette nuit-là, pendant que le Roi était ainsi couché sur la Reine et la besognait, Paris, sa bonne ville qui ne dormait pas, était à genoux à ses côtés, dans l’ombre, et priait.

Première partie.Le fils de mon silence
Chapitre IX
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