Je m'approche de la fenêtre, je regarde la pluie qui tombe, une pluie monotone, une pluie d'hiver. Je pourrais, il faudrait sans doute, ne rien dire sinon qu'elle est toujours la même, qu'il ne me reste qu'à l'oublier. Mais cette pluie, je ne sais pourquoi, refuse mon impatience. Elle est là qui persiste, qui balafre les carreaux, qui me provoque. Elle n'a pour elle que cette manière d'obstination sans but, sans histoire. Que je l'accepte seulement, que je m'accorde à sa lenteur, elle devient comme une substance bénéfique, un fluide qui me pénètre, et dans chacune de mes fibres, je sens une plénitude et un repos, oserai-je l'écrire, une bienveillance à mon égard, une salutation silencieuse de l'eau. Chaque minute est là, suspendue pour toujours. La mort s'éloigne.
p.105