Les sapins en bonnet pointus
De longues robes revêtus
Comme des astrologues
Saluent leurs frères abattus
Les bateaux qui sur le Rhin voguent
Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs aînés
Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
A briller plus que des planètes
A briller doucement changés
En étoiles et enneigés
Aux Noëls bienheureuses
Fête des sapins ensongés
Aux longues branches langoureuses
Les sapins beaux musiciens
Chantent des noëls anciens
Au vent des soirs d'automne
Ou bien grave magiciens
Incantent le ciel quand il tonne...
UNE PAROLE
Une parole est descendue
Par des montagnes de soleil
(Sans que nul ait donné l'éveil)
jusqu'au souffle de l'âme nue.
Du fond de l'innombrable aurore
Une parole toujours tue
Timide, tendre et confondue
Avec l'haleine de la mort.
C'est l'odeur même de la nuit
Dont toute chair garde l'absence
Que l'âme respire en silence
Quand monte l'eau de l'agonie.
Une parole est descendue,
Fondue en moi, timide et tendre.
Il faut se taire, il faut attendre
Que lentement flambe la nue.
Le mage qui perd son étoile
Au milieu des constellations
Suit l'Aigle, Orion ou Andromède
Sans rien comprendre à sa mission.
Au lieu d'errer, fais donc un pas
Dans la lumière de l'une d'elles;
Alors elle s'arrêtera:
Chaque nuit peut être Noël!